Bravoure Il avait ordre de mener, seul ou en groupe, tout attentat ou action militaire sur le territoire de la Wilaya I. Nul moudjahid, fidaï ou toute personne ayant vécu, de près ou de loin, les événements de la Guerre de libération dans la Région I, Zone 1, Wilaya I (Bordj Bou-Arréridj et ses localités) ne peut oublier les actes de bravoure du chahid Ahmed Bendrimia, surnommé Lemtarouèche (le fou) à cause de ses actes de bravoure ordonnés par le commandement de la région et les attentats perpétrés contre l?armée coloniale, entre 1955 et 1959 à Bordj R?dir, Ras El-Oued, Aïn Oulmane, Sétif, Barika, se rappellent les responsables de l?organisation des anciens moudjahidine de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, à la veille de la commémoration du 50e anniversaire du déclenchement de la lutte armée, détaillant avec force et précision des opérations menées par ce héros de la Révolution algérienne. Son parcours de combattant de la liberté est digne d?une légende ou d?un personnage doué d?une intelligence hors du commun, d?une force surhumaine et surtout d?un courage à toute épreuve d?où son surnom de Lemtarouèche (le fou). Avant de retracer son parcours, le premier responsable de l?organisation des anciens moudjahidine le définit comme un commando capable d?affronter tout seul plusieurs soldats de l?armée française, en zone montagneuse, ou de mener une action spectaculaire en ville, comme à Sétif, à Ras El-Oued ou à Bordj Bou- Arréridj. Il avait ordre de mener seul ou en groupe tout attentat ou action militaire sur le territoire de la Wilaya I. Son parcours fut connu et relaté par la presse française de l?époque juste après avoir volé des explosifs dans une carrière militaire. Aussi, l?on relève dans plusieurs journaux gardés au musée du moudjahid de Bordj Bou Arréridj que «Ahmed Bendrimia a réussi à prendre en défaut surveillance et contrôle exercés sur les explosifs». Arrêté plus tard, il a réussi à s?enfuir avec les explosifs. A partir de cette fuite spectaculaire, Lemtarouèche allait donner du fil à retordre à toute l?armée française à Bordj Bou Arréridj, Sétif et les localités de ces deux villes. Cependant, ce héros s?est rendu célèbre en exécutant 10 opérations pour l?amour d?une femme, car à cette époque de lutte pour l?indépendance et la liberté, le commandement de la Wilaya I n?autorisait pas les mariages, mais pour Lemtarouèche, amour, liberté et indépendance rimaient bien. Aussi, vu sa détermination légendaire, on lui commandita 10 opérations et pas des moindres pour l?autoriser à s?unir à sa bien-aimée. La première opération consistait à éliminer plusieurs soldats dans le bar situé au centre-ville de Bordj R?dir. Plusieurs soldats furent éliminés. La presse française ne donna pas le nombre de victimes, mais relata les faits. Le deuxième acte fut d?égorger avec son couteau «El-Boussâdi» (aussi célèbre que lui) deux colons dans la région de Mezaïta (Ras El-Oued), la troisième opération consistait à ramener un traître de Aïn Oulemane au commandement situé à l?époque à Ouled Tebbane, la quatrième celle d?exécuter au centre-ville de Ras El-Oued un soldat français du nom de Maurice qui semait la terreur au sein de la population. Dans la cinquième opération, toujours à Ras El-Oued et sur ordre du commandement, il tua avec une arme à feu un autre colon. Les quatre actes de bravoure consistaient également à liquider des soldats ou des traîtres. C?est la dixième opération qui resta gravée dans la mémoire des populations de la région, puisqu?il réussit, seul, à détourner, malgré la présence des éléments de l?armée française, tout un troupeau de 24 vaches laitières d?un colon nommé Henri Anduze. A partir de toutes ces opérations, l?armée coloniale et la presse française se déchaînèrent sur ce héros et il devient l?homme le plus recherché dans toute la région. Il fut arrêté, une deuxième fois, au cours d?une bataille qui s?est déroulée au douar Bendib (région de Bordj R?dir) avec cinq moudjahidine qui tombèrent au champ d?honneur. Au terme d?une résistance de plusieurs heures, il fut amené dans la prison de Sétif et torturé pendant un mois. Voulant à tout prix le liquider, l?armée française décida de le jeter au fond d?un puits en compagnie d?autres moudjahidine. Au cours de son transfert, il réussit à s?enfuir en se déjouant facilement de ses gardiens. Son compagnon tomba sous les balles, mais Lemtarouèche, malgré les tirs, rejoint le maquis après une course-poursuite à travers les champs de la région de Sétif. Entre 1957 et 1959, il fera parler de lui et deviendra une légende pour toute la région après avoir attaqué, à la fin de l?année 1959, un bar plein de soldats. Poursuivi par toute une brigade, il a été criblé de balles. Aujourd?hui, il est enterré dans son village natal, Bordj R?dir, une daïra au sud-est de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. «Qui ne se rappelle pas Ahmed Bendrimia dit Lemtarouèche véritable incarnation de la peur pour l?armée française et des colons ?», se remémorent aujourd?hui ses anciens compagnons et les habitants de toutes les régions rurales et montagneuses de Bordj Bou Arréridj, de Ras El-Oued et de Bordj R?dir. Il représentait le symbole de la détermination des moudjahidine et ses exploits constituaient un stimulant, à l?époque, pour les combattants de la liberté. «Il reste un héros de légende de la révolution algérienne dans toute la wilaya de Bordj Bou Arréridj, les vieilles femmes racontent, aujourd?hui ses exploits aux enfants,» a souligné Saïd Benahmed, du nom de guerre «Djeha», responsable de l?organisation des anciens moudjahidine de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Le chahid Ahmed Bendrimia dit Lemtarouèche est né en 1926 et tomba au champ d?honneur les armes à la main en 1959 à Sétif.