La ville de Marrakech connaissait alors sa période de prospérité et de gloire. De nombreux écrivains et poètes venus d'Andalousie et d'ailleurs, attirés par l'intense activité culturelle et artistique, contribuèrent par leurs écrits à son rayonnement. Une double ambition a poussé les Almoravides à la conquête du Maroc. D'une part, ces guerriers religieux, maîtres des routes caravanières du Sahara occidental, veulent établir la justice et la paix. D'autre part, leur foi musulmane très forte les incite à éduquer les gens suivant les principes de l'islam. Les Almoravides venus du Sahara occidental fondent Marrakech. Leur progression est rapide. D'importantes cités rendent les armes : Sijilmassa (1055), coeur du commerce caravanier et transsaharien ; Taroudant (1057), capitale du Souss ; Fès (1069), qui perd son statut de capitale au profit de Marrakech. Puis, c'est le Nord marocain et algérien. En quelques années, les Almoravides se sont emparés de la moitié du Maghreb. Mais la formidable avancée de ces courageux soldats ne s'arrête pas en si bon chemin. Les émirs andalous, aux prises avec les débuts de la Reconquête chrétienne, demandent au chef almoravide Youssef ben Tachfine de leur venir en aide. Youssef traverse le détroit. Il remporte une écrasante victoire sur le roi de Castille (1086) et finit par prendre Valence (1102). Pendant ce temps, Abou Bakr, fondateur de Marrakech, parvient jusqu'aux rives du Sénégal, permettant ainsi aux caravanes d'introduire l'ivoire et l'or d'Afrique noire. L'axe nord-sud libéré, les échanges commerciaux s'amplifient, installant une réelle prospérité économique. La multiplicité de ces influences (andalouses, marocaines et sahariennes) conduit également à une renaissance artistique. Les princes almoravides n'hésitent pas à embellir des villes de Fès et Marrakech de décors et de monuments directement inspirés de l'architecture andalouse. Cependant, bien que le fils de Youssef ben Tachfine, Ali ben Youssef, règne pendant trente-sept ans, les générations suivantes éprouvent des difficultés à gérer ce vaste empire ibéro-marocain. Les chrétiens d'Espagne, toujours à l'affût, deviennent menaçants, tandis que les tribus réfractaires de l'Atlas sont acquises au mouvement almohade.