Si les Italiens se targuent d'avoir inventé les pâtes (encore que d'autres peuples, comme les Chinois, leur contestent cette invention), les Maghrébins eux, revendiquent à juste titre l'invention du couscous ! Un aliment qui remonterait à plusieurs siècles et qui constitue, encore aujourd?hui, le principal aliment des populations du Maghreb. En dépit des bouleversements que l'alimentation de ces pays a subis, le couscous reste leur plat préféré. On se rappelle la définition que les auteurs musulmans donnaient des Berbères : «H'alq al ru'ûs, labs al barnus wa alkuskus» (ils se rasent la tête, portent le burnous et mangent le couscous) ! En Algérie, le nom le plus répandu du couscous est tt'âm, mot arabe signifiant au propre «nourriture». C?est dire l'importance de cet aliment, désigné non pas comme «un» aliment, mais comme «l'aliment», c'est-à-dire l'aliment par excellence ! Le nom berbère le plus commun est seksu, d'où dérive couscous ; on le relève dans tous les dialectes, à l?exception du touareg. On le retrouve sous cette forme en kabyle, en chaoui, en chenoui... Les Mozabites, eux, l?appellent uççu, variante du mot ou alors dérivé du verbe eçç (manger) ; ce serait alors le pendant de l'arabe tt?âm. Le mot seksu est d'origine berbère bien qu'il n'ait pas le préfixe d'état «a» qui accompagne généralement les mots dans cette langue. En fait, il appartient à un stock restreint de mots, très anciens, qui ne portent pas justement ce préfixe, comme laz' (faim) ou fad (soif). On ignore le sens du mot seksu, mais on peut mettre celui-ci en rapport avec le kabyle kukes (être roulé en boule), mot aujourd'hui presque oublié. (à suivre...)