Tandis que la dynastie almoravide se désagrège, un nouveau mouvement réformateur voit le jour à Tinmel, dans le Haut-Atlas. Ibn Toumert, un lettré, prêche la pureté, le rigorisme et l'unicité de Dieu (d'où le nom «almohade», de el-mouahidoun, les unitaires). Dès 1121, afin de remédier aux déviations des Almoravides amollis par la douce Andalousie, Ibn Toumert et ses partisans se révoltent et propagent une réforme religieuse radicale. Ce n'est qu'en 1147 qu'Abdel Moumen, son successeur, parvient à s'emparer de Marrakech, symbole du pouvoir almoravide. Abdel-Moumen prend alors le titre de calife et de «commandeur des croyants». Homme d'Etat, il développe un vigoureux effort d'organisation et dote le pays d'une administration, d'un réseau routier et d'une flotte efficace. Excellent militaire, il porte la guerre sainte en Espagne et unifie, pour la première fois, l'Afrique du Nord tout entière. Il meurt à Rabat (Ribat el-Fath) en 1163, alors qu'il s'apprêtait à rattacher l'Andalousie à son empire. Son petit-fils Yacoub el-Mansour, le plus brillant de ses successeurs, poursuit son ?uvre et remporte en 1195, à Alarcos, des batailles contre les armées portugaises et espagnoles. C?est l?époque de la construction de la Koutoubia de Marrakech, de la Giralda de Séville, de la tour Hassan à Rabat. La dynastie almohade est alors à son apogée et constitue un des sommets de l'histoire du Maroc. Pour la première fois, l'empire est pacifié et prospère. C'est l?âge d'or intellectuel et artistique. Les princes s'entourent d'une cour où brillent les plus grands esprits de tout l'Occident musulman (Averroès, Maïmonide...). Grands bâtisseurs, ils laissent de splendides édifices où l'on perçoit la maturité d'un art né des influences maghrébines, africaines et andalouses (Koutoubia de Marrakech, enceinte et portes de Rabat...). Toutefois, l'empire almohade est menacé. Les luttes de succession et l'indolence des souverains fragilisent ce vaste empire, qui s'effondre. En Espagne, les victoires chrétiennes se succèdent ; la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 et la perte du contrôle des routes sahariennes annoncent la fin de la toute-puissance almohade. Dès 1269, le Maghreb extrême (Maghreb Al-Aqça) passe aux mains d'une tribu berbère des Hauts-Plateaux, appelée les Mérinides.