Résumé de la 5e partie Abdelmoumène entre, avec Ibn Toumert, dans le Sous. Là, ils fondent ensemble la dynastie des Almohades qui commence à faire ses premières conquêtes au Maroc. Ils prennent plusieurs villages et villes puis retournent vers Marrakech, la capitale des Almoravides, qu?ils assiègent en 1129 de l?ère chrétienne. Les Almoravides font une sortie et la confrontation a lieu dans la plaine de Marrakech. Or, les Almohades sont habitués à combattre en montagne et non en plaine : ils se font étriller par les soldats de Ali Ibn Yousef. Abdelmoumène manque d?être tué. Il se retire dans les montagnes environnantes et envoie un messager, Al-Baydhaq, le futur chroniqueur, à Ibn Toumert qui, dès qu?il voit arriver l?homme essoufflé et plein de sang, comprend que son armée a été défaite. «Et Abdelmoumène, demande-t-il, est-il encore en vie ? ? Oui, dit Al-Baydhaq, c?est lui qui m?envoie vers toi ! ? Dieu soit loué, s?écrie le Mahdi, alors, rien n?est perdu ! Retourne vers lui et dis-lui de ne pas s?affoler ; il prendra Marrakech un jour !» Mais lui ne verra pas cette prise : l?année suivante, en 1130, il meurt. La mort du Mahdi va être cachée pendant plusieurs mois aux disciples. Il a désigné Abdelmoumène à sa succession, mais celui-ci redoute qu?il ne soit pas accepté par tous. En effet, malgré la protection que lui accorde la grande tribu berbère des Hargha, la tribu de Ibn Toumert, beaucoup le considèrent comme un étranger et peuvent se révolter contre son autorité. Al-Baydhaq rapporte qu?en prévision de sa proclamation, Abdelmoumène a fait dresser, par ses hommes de confiance, un lion et un perroquet. Ce dernier a appris à réciter, en arabe, la formule : «La victoire et le pouvoir sont au calife Abdelmoumène, le commandant des musulmans !» Le jour choisi, il fait réunir, à la mosquée de Tinmal tous les hommes et toutes les femmes et il dit, d?une voix empreinte de solennité : «Le Mahdi est mort !» Les gens se mettent aussitôt à pleurer. «Ne vous lamentez pas sur le sort du maître, car il est auprès de Dieu et il reçoit une belle récompense pour ses ?uvres. Maintenant, il faut songer à lui trouver un successeur !» Les disciples les plus en vue se lèvent alors et lui disent : «Tends la main pour que nous te proclamions calife ainsi que nous l?a recommandé le Mahdi, que Dieu ait son âme !» A ce moment-là, les proches de Abdelmoumène lâchent le perroquet qui se met à crier la formule qu?il a apprise : «La victoire et le pouvoir sont au calife Abdelmoumène, le commandant des musulmans !» Le peuple est émerveillé par ce qu?il croit être un miracle. On lâche le lion, qui fait aussitôt fuir les gens ; il s?approche de Abdelmoumène et se met à lui lécher les pieds. «Béni soit notre calife, s?écrient les gens, Dieu l?a vraiment désigné pour succéder au Mahdi ! Personne ne peut le contester sans risquer une mise à mort !» (à suivre...)