Ces produits, le citoyen risque de les payer, encore une fois, plus cher. Cette nouvelle hausse est tributaire de ce qui va se passer demain soir à l?APN. Imperturbable quand il s?applique à louer, chiffres à l?appui, les mérites de son projet de loi de finances 2005 sur lequel il fait reposer la relance économique et le fameux taux de croissance de 4,5% synonyme d?embellie financière, Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, sait qu?il doit batailler dur pour faire passer ce projet auquel l?Exécutif tient mordicus. Il sait aussi qu?il lui faudra un dos suffisamment robuste pour contrer les tirs nourris de députés au sujet des très controversées taxes sur le gasoil et le médicament, notamment. L?évidence que tout le monde connaît c?est que demain, 8 novembre, jour d?adoption du projet en question, l?ambiance au sein de l?hémicycle du boulevard Zighout-Youcef risque d?être très très chaude. Le désaccord total qui sévit actuellement au sein même de la commission des finances de l?APN, présidée par Tahar Khaoua, illustre parfaitement cet état de déliquescence. Pis encore, aucun amendement n?a été effectué sur les 108 propositions faites récemment à l?issue des derniers travaux de l?APN. Est-ce une preuve suffisante que la «copie» de Benachenhou passera comme une lettre à la poste ? En tout état de cause, les députés ne sont pas d?accord et ils l?ont fait savoir. Si pour le premier argentier du pays, l?augmentation, à hauteur de 5 DA par litre, du gasoil est de nature à contrer la toute «prochaine saturation des capacités de production de fioul» et si pour Chakib Khelil, ministre de l?Energie et des Mines, «la demande sur ce produit est de plus en plus forte et à ce rythme, elle risque de dépasser l'offre et nous serions alors obligés de recourir aux importations». Pour bon nombre de députés, en revanche, «l'inadéquation» entre l'aisance financière et les conditions sociales est plus que préoccupante. Jugeons-en : à l?APN, tout courants confondus, on estime que cette augmentation aura des répercussions désastreuses et, par effet d?entraînement, sur toute la «chaîne sociale» qui sera automatiquement touchée : augmentation des prix des transports, des fruits et légumes, de l?agro-alimentaire, lesquels risquent d?influer directement sur le comportement «sociétal», c?est-à-dire jusqu?à refaçonner les liens sociaux dans une conjoncture marquée par la cherté de la vie. Avec une «rallonge» de 5 DA le litre de gasoil, à titre d?illustration, le citoyen sait qu?on va aussi lui soustraire un ou deux dinars de plus sur la baguette de pain, un ou deux dinars sur la pomme de terre ou la tomate et, par effet de boule de neige, c?est tout son pouvoir d?achat qui sera érodé. Car en somme, l?acheminement de tous ces produits de première nécessité est opéré au moyen de véhicules utilisant ce genre de carburant. Pour ce qui est des fameux autres 5 DA sur l?eau minérale, l?autre pomme de discorde, l?incidence est presque identique sinon plus terrible si l?on se fie à la hantise de l?économiste Abdelhak Lamri qui, intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III, va plus loin et évoque carrément «la mort définitive du tourisme» alors que «le bon sens aurait voulu imposer moins de charges fiscales». Les effets «secondaires» de l?augmentation de la TVA à hauteur de 7% dans le domaine du médicament sont de nature à contraindre les citoyens à dépenser plus en soins et traitements. Enfin, s?agissant de la taxe des 5 000 DA sur chaque hectare de terre agricole irriguée, au-delà des implications directes sur les agriculteurs lesquels seront doublement pénalisés avec les 5 DA du gasoil, il est clair que le citoyen devra payer encore plus cher les fruits et les légumes. En somme, l?éternelle descente aux enfers à l?heure où le pétrole flambe à plus de 50 dollars !