Qu?il s'appelle Bousaadia, Baba Salem ou A'daysi, le bateleur est un personnage haut en couleur, mi-magicien mi-bouffon, dont la fonction est d?amuser ou de tenir en haleine le public. Le bateleur se fait souvent accompagner de musiciens ou promène des animaux : chameaux, singes, et autrefois lions ; il fait des tours acrobatiques, récite des poèmes, raconte des histoires ou des légendes, fait rire par ses facéties. Le bateleur a presque aujourd?hui disparu des villes, mais il existe encore dans les campagnes où il se produit en certaines occasions, mariages, circoncisions, retour de pèlerinage... On range aussi dans la catégorie des bateleurs le meddah', bien que celui-ci soit surtout une sorte de poète et de conteur ambulant. Le bateleur le plus caractéristique en Algérie est le Bousaadia, appelé à Alger Baba Salem. Il s'agit d?Africains originaires du Mali ou du SénégaI, autrefois esclaves. Beaucoup se sont organisés en confréries, sous l?égide de Sidi Blal, c?est-à-dire Billel El-Habachi, le premier muezzin de l'Islam, un esclave éthiopien racheté et affranchi par le Prophète. Les lieux où ils pratiquaient leur culte étaient appelés diar, au propre «maisons». A Alger, les confréries de Sidi Blal se manifestaient par deux cérémonies principales : le sacrifice du mercredi matin et le sacrifice annuel de la fête du printemps... On pratiquait aussi des rites de désenvoûtement. Aujourd?hui, ce qui reste de ces confréries sont les tournées de Baba Salem, le noir joueur de tambourin et de castagnettes faisant des quêtes dans les rues pour l?achat de bêtes à sacrifier...