A Touggourt, le carnaval avait lieu le 1er Moharram, jour de l'an musulman. Après un souper de circonstance, on sort pour la mascarade : hommes, femmes et enfants revêtent des masques représentant des animaux comme le lion, le chameau le bœuf, l'autruche ou des bêtes fantastiques, comme le dragon ou le serpent à sept têtes. L'un des personnages originaux est le danseur «au derrière piquant». Un homme se confectionne avec un morceau de cuir hérissé de piquants, un arrière-train qu'il frotte contre tous ceux qu'il rencontre. Comme ailleurs, le principe est de se moquer de tout, de mimer les travers des différents types sociaux, y compris les religieux. Le plus souvent, les groupes sociaux s'affrontent pacifiquement, les uns se moquant des autres. Dans les Aurès, on se déguisait en animaux, principalement en lion et en chameau et on allait, accompagné par des musiciens, en poussant les cris de ces animaux. Les personnes représentant les lions portaient des torches symbolisant l'œil de la bête. On jouait aussi de petites scènes dont celle du tribunal où un mari accuse sa femme d'adultère. Le jugement était rendu au milieu de cris et de pitreries. Un autre personnage caractéristique était le chayeb Achoura, vieil homme lubrique, qui demande en mariage une jeune et jolie femme. Tous ces personnages étaient interprétés par de jeunes hommes.