Un autre personnage de bateleur, le charmeur de serpents ? sehh'ar leh'nach ? est, comme le Baba Salem (ou Bousaadia) en voie de disparition. Autrefois très commun, on ne le rencontre plus que dans les régions de l'Ouest algérien, proches du Maroc, patrie de prédilection des charmeurs de serpents. La tradition maghrébine du charmeur de serpents semble remonter à l'Antiquité. Les auteurs grecs et latins évoquent les Psylles, une population berbère qui manipulait avec aisance les serpents et était insensible à leur morsure. Aujourd'hui, les sehh'ara appartiennent, pour la plupart, à des confréries religieuses, notamment celle des Aïssaoua dont les membres, dit-on, sont immunisés contre les morsures de serpent. Autrefois, les charmeurs se déplaçaient d'une région à une autre et même d'un pays du Maghreb à un autre. Souvent, ils se faisaient suivre de musiciens qui accompagnaient leurs prouesses. C'étaient aussi les musiciens qui attroupaient les curieux en les appelant avec leurs tambourins et leurs flûtes (ghayta). Avant de passer aux serpents, les charmeurs fixaient la somme qu?ils voulaient obtenir et ils ne commençaient leur numéro qu'après l'avoir atteinte. Le charmeur sortait alors la cage ou l?outre ? mezoued ? où était enfermé son serpent. Il retirait celui-ci et le posait sur le sol ; il se mettait alors à tourner autour de lui au son de la musique, l?obligeant à faire les mêmes mouvements que lui, le fixant au point de l?hypnotiser... Ce sont les yeux du charmeur qui charment le serpent, d'où l?expression algérienne ?âynin essahh?ar' (yeux de charmeur) pour de beaux yeux qui font chavirer les c?urs...