Vols De nombreux objets archéologiques ou historiques sont subtilisés de nos musées et de nos sites archéologiques. L?Algérie connaît le commerce frauduleux des biens culturels. Depuis 1996, on enregistre en effet plus de trente affaires de vol, trafic et exportation frauduleuse de biens culturels patrimoniaux, portés à la connaissance des services de police judiciaire. A titre illustratif, le Musée des beaux-arts d?Alger a connu, en 1998, un vol d?objets d?art, certains datant de l?ère ottomane, d?autres remontant à l?époque berbère. Jusqu?à présent aucune de ces ?uvres, d?une valeur historique inestimable, n?a encore été restituée. La même année, le musée de Béjaïa a enregistré un vol de pistolets des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu'une ancienne épée ; ces objets ont été retrouvés par les services de police. En 1996, des bustes ont été dérobés au musée de Guelma. Ce vol s?est opéré dans le cadre d?une transaction commerciale algéro-tunisienne. La même année, neuf bustes ont disparu du Musée de Skikda, dont celui de l'empereur romain Marc Aurèle. Durant les années 1990, 69 objets antiques ont été volés du musée de Zabana. La Baigneuse du sculpteur Jean-Louis Bégué, disparue du Jardin d'essais d'Alger, ainsi que le buste d'une femme en bronze, arraché de son socle dans un jardin public, ont été récupérés. Sur les trente affaires de vol, de trafic et d?exportation frauduleuse de biens culturels patrimoniaux, quinze ont été solutionnées et ont permis la récupération de 143 objets, notamment des lampes, des statuettes, des vases, des jarres et autres ustensiles en marbre, bronze et terre cuite, datant des époques romaine et byzantine. D?autres tentatives de vol d?objets rares et précieux ont été enregistrées au musée du Temple de Tébessa. A Tlemcen comme à Oran, il y eut des tentatives d'exportation vers l'Europe de pièces de monnaie et de médailles provenant de fouilles clandestines. 2 700 pièces, sur 50 000 disparues de ces sites, ont été restituées en 1999. Même le trésor numismatique national, constitué de nombreuses pièces de monnaie en or, argent, bronze, alliage, remontant aux périodes punique, numide, maurétanienne, romaine, vandale, byzantine, musulmane, ottomane et française, n?a pas été épargné. 52 074 pièces de monnaie antiques et du XVIIIe siècle, en or, argent et bronze ont fait l?objet de vol. Les musées algériens ainsi que les sites archéologiques sont continuellement exposés aux vols. Et ce phénomène de déprédation des biens culturels est une atteinte à notre patrimoine. Il peut avoir des répercussions fâcheuses, sachant que l?Algérie, compte tenu de ses richesses muséologiques, archéologiques et même historiques, est considérée par des spécialistes comme «une véritable bibliothèque épigraphique et un immense vivier numismatique inépuisable, regorgeant de gisements dans ce domaine, comparables aux vestiges de Grèce et d'Italie». Pour parer à ce trafic et lutter contre le pillage de notre mémoire, une brigade a été créée à la Dgsn. Chargée de récupérer les biens patrimoniaux, cette brigade travaille à renforcer ses relations avec la direction du patrimoine culturel dans le cadre «d'échanges d'informations et de coordination des actions diligentées pour la préservation et la sauvegarde du patrimoine culturel national». Grâce à l?instauration, en 2004, de l'inventaire juridique des biens culturels, il est possible, aujourd'hui, d'intenter des actions en justice contre ces méfaits. D?ailleurs, des individus, groupes de malfaiteurs et quelques étrangers, accusés de ces délits (un total de 45 personnes depuis 1996) ont été déférés devant les tribunaux compétents. Pour mener à bien son action contre l?atteinte à notre mémoire collective, la brigade lance des recherches à l?échelle internationale par le biais d?Interpol et effectue des investigations. Mais un plus grand déploiement, une plus grande formation et une spécialisation des effectifs de la Dgsn sont nécessaires pour lutter contre la violation de notre histoire.