Le paysage musical algérien, qui se définit, par essence, par un éclectisme, se distingue visiblement d?un phénomène sans précédent, celui de la «raïmania». Le raï a, en effet, envahi et investi d?une manière prédominante la scène musicale algérienne, et cela depuis pratiquement plus de dix ans. Aujourd?hui encore, il y occupe une place de choix, faisant même de l?ombre à tous les autres genres musicaux, devenus dès lors «minoritaires». Développé, multiplié et diversifié, le raï devient une véritable culture, une culture à part entière. Mais comment le raï, autrefois honni et marginalisé, est-il devenu l?incarnation majeure de toute une jeunesse, un phénomène et social et culturel, drainant derrière lui un engouement extraordinaire, voire phénoménal qu?aucun autre style de musique n?a, jusqu?alors, enregistré ? Le raï attire, en effet, de plus en plus de jeunes, à travers lequel apparaissent leurs aspirations et leur désirs pour une vie meilleure. Pour tenter d?y répondre, il est nécessaire de tenter de définir cette musique dans son contexte historique, c?est-à-dire retracer sa naissance, sa genèse, son évolution et ses différentes péripéties, décelant, à cet effet, les facteurs qui lui ont permis de s?affirmer en favorisant une émergence fulgurante.