M?urs Sidi Messaoud dénonçait les marchands malhonnêtes. Le Sahara, notamment la région de Oued Souf, garde le souvenir d'un grand saint, Sidi Messaoud. On ignore à quelle époque exactement il a vécu, mais ses exploits et ses miracles se sont perpétués et son mausolée est, encore aujourd'hui, l'objet d?une vénération populaire. On rapporte que, souvent, il allait sur le grand marché d?El-Oued ou de Guemmar et se promenait devant les étals des marchands. Il rabattait le capuchon de son burnous sur son front pour qu'on ne le reconnaisse pas, et il demandait le prix des denrées alimentaires. «Combien vaut ce blé ? Cette orge ? Et ces dattes ?» Le marchand disait son prix. Le saint homme plongeait la main dans le sac en retirait une poignée de grains ou de dattes et les regardait à la lumière du soleil. S'il trouvait un produit avarié, il s'écriait : «Quoi ! Tu vends du grain avarié ? Des dattes pourries ? ? C'est la pluie qui s'est infiltrée dans mon entrepôt, répondait alors le marchand. ? Et pourquoi ne vends-tu pas ce grain à part, pour ne pas le mêler au grain de bonne qualité ?» Le marchand était confus. «C'est de la tromperie !» s?écriait Sidi Messaoud. Les gens s'attroupaient, le marchand s'emportait : les clients ne vont plus venir chez lui. «Va-t-en d'ici», disait-il au saint homme, menaçant. Messaoud relevait alors son capuchon et on le reconnaissait. Le marchand se confondait en excuses, mais le saint le maudissait : «Tu trompes les gens ! Que Dieu te punisse !» Le marchand malhonnête finissait par faire faillite et par quitter la ville. Sidi Messaoud est aimé par les pauvres. Il est lui-même pauvre et tout ce qu'il reçoit comme aumônes, il le redistribue, ne gardant pour lui que le strict nécessaire. Un jour, un riche négociant lui offre une perle d'une grosseur inhabituelle. «Avec ça, lui dit-il, tu ne seras plus jamais dans le besoin !» Messaoud prend la perle et se rend à la mosquée où il accompli la prière. Il va ensuite trouver l?imam et lui dit : «Voici une perle d'une grande valeur, je te demande de la briser !» L'imam s?écrie : «Quoi, briser une telle merveille ? Mais c?est un crime ! ? Même si c'est moi qui te le demande ? -Même si c'est toi !», dit l'imam. Messaoud, souriant, prend sa perle et s'en va. Il rencontre un cadi et va vers lui. Il montre sa perle et lui dit : «On m'a offert une grosse perle ; je voudrais la réduire en poussière. Veux-tu le faire pour moi ?» Le cadi, scandalisé, lève les mains au ciel : «Mais tu es fou ! Briser une telle merveille ! ? Tu ne veux pas le faire pour moi ? ? Jamais, jamais !» dit le cadi. Le saint reprend sa perle et s'en va. (à suivre...)