Convivialité La salle du grand café était bondée en cette suffocante matinée de septembre. Les tables étant toutes prises, le groupe de nouveaux arrivants se dirige vers l?imposant comptoir et s?y installe dans l?indifférence générale. Il faut dire qu?ici on voit tellement de personnes de passage que c?est loin d?être un événement. Voyant un homme d?un certain âge qui avait, lui aussi, opté pour le zinc et qui sirotait tranquillement un thé, l?un des étrangers prit un air inspiré pour lancer à la cantonade : «Sidi Zerzour !». Presque instantanément l?homme, qui lui faisait face, leva la tête et s?exclama : «Chagag el-ouidène !». Une réaction qui ne manqua pas de faire sourire l?assistance. Sidi Zerzour étant considéré avec fierté, faut-il le préciser, comme le saint de la ville de Biskra, autant la boutade que le réplique avaient quelque chose d?attendrissant. Tous les Biskris vous le diront, Sidi Zerzour fait partie de chacune des familles originaires de la région. Il a non seulement élu domicile au mausolée qui lui est dédié sur la route d?El-Alia, mais aussi dans le c?ur et la maison de tous. On dit aussi que le saint homme protège également tous ceux qui passent par la ville à condition qu?ils déposent un cierge à son chevet. Ce saint homme, que l?on vénère, a protégé toute la ville, affirme-t-on. Durant la guerre de Libération nationale en particulier, l?époque où les djounoud, chargés de l?acheminement des armes vers les Aurès, s?abritaient dans la ville-oasis avant de reprendre leur route. On affirme qu?il a protégé de son burnous tous les infortunés de la région sud pendant les années de disette, leur assurant le couvert alors que même les nantis souffraient de la faim. Le souvenir des grandes inondations que Biskra a subies en novembre 1991 est toujours vivace dans les esprits des gens d?ici. Sidi Zerzour aurait donné la preuve de ses facultés protectrices en détournant les eaux en furie de l?oued, qui porte son nom, évitant ainsi que le mausolée qui le jouxte ne soit emporté. Une espèce de légende qu?entretiennent les Biskris pour conforter la réputation de ce symbole mythique. Des esprits rationnels vous confieront sous cape qu?il n?en est rien et que l?oued en crue n?a pas détruit le mausolée de Sidi Zerzour parce que la forme arrondie de l?édifice lui permet de résister aux flots. N?allez pas le répéter au commun des habitants de la ville oasis, ils seraient capables de vous prendre en grippe...