Résumé de la 1re partie Charles Graham, tonnelier, 46 ans et père de famille, décide de descendre les rapides du Whirlpool dans un de ses tonneaux. Les rapides du Whirlpool se situent entre les fameuses chutes du Niagara et le lac Ontario. A cet endroit, le fleuve coule à une vitesse vertigineuse et forme des tourbillons fantastiques autour des rochers qui encombrent son lit. Quelques années auparavant, un homme tenta l'aventure à la nage, un certain capitaine Webb, champion invincible et invaincu qui, le premier, avait déjà traversé le Pas-de-Calais en partant de Douvres. Devant une foule enthousiaste venue saluer son exploit, le champion plongea dans le fIeuve. On le vit nager vigoureusement au milieu de l'écume. ll disparut une première fois, entraîné dans un tourbillon, puis une seconde fois, et on ne le revit plus. Le capitaine Webb avait accompli des exploits dans le monde entier. On le qualifiait du titre de «meilleur nageur de son temps». Mais les eaux du Whirlpool l'avaient vaincu, et son corps fut retrouvé, quelques jours plus tard, près de Lewiston, à l'entrée du lac Ontario. Le souvenir de cet exploit manqué n'est pas fait pour rassurer la famille Graham. Mais jamais Graham n'a manqué à sa parole. Le petit tonnelier se met donc à réfléchir. Armé d'un crayon, il remplit des pages de croquis, imaginant et redessinant sans cesse le tonneau idéal pour accomplir un tel exploit. Un tonneau dont le fuselage, la résistance, la légèreté, l'étanchéité... doivent mener Graham à la victoire. Quelques jours plus tard, le plan est prêt. Il ne reste plus qu'à l'exécuter. Refusant toute visite durant les travaux, Graham passe jours et nuits dans son atelier. Ayant engagé son honneur et sa vie dans cette aventure incroyable, il construit lui-même son chef-d'?uvre. Il lui arrive, le soir, d'aller prendre un verre avec ses amis, histoire de se détendre. Mais à leurs questions il reste muet, se contentant de répondre : «Vous verrez, je crois que vous serez étonnés !» Un soir, enfin, Graham fait son apparition au bistrot, revêtu de son costume du dimanche. A son ?il, on devine que l'événement est arrivé et lorsqu'il dit : «C'est fait ! Venez voir !», une cavalcade se déclenche dans la rue pour arriver plus vite à la tonnellerie. Le bruit s'est, en effet, répandu comme une traînée de poudre et c'est devant une foule enthousiaste que Charles Graham ouvre le portail de son atelier. Un cri de surprise et d'admiration parcourt l'assistance à la vue du tonneau. C'est un tonneau jamais vu. Une sorte de sarcophage de deux mètres, entièrement rond et cerclé de fer comme il se doit pour un tonneau, en forme de shaker à cocktails. Le fond est lesté de plomb pour lui permettre de flotter debout. L'intérieur est garni de crochets et de cordelettes destinés à maintenir le passager au centre, lui évitant ainsi de se cogner sur les parois au moment des chocs inévitables sur les rochers. Enfin, le dessus est clos par un couvercle parfaitement hermétique qui se fixe de l'intérieur. Tout est donc fin prêt. Charles Graham, le petit tonnelier susceptible de Philadelphie, n'a plus qu'à tenir son pari contre la mort. Et le grand jour arrive. Le 11 juillet l886, des dizaines de milliers de curieux envahissent les rives de part et d'autre des rapides. Sur plusieurs kilomètres, des familles entières sont arrivées dès le matin et pique-niquent dans une ambiance de kermesse. Des tribunes ont été construites aux endroits les plus dangereux. (à suivre...)