Souvent contaminées par leur mari, des Algériennes sont rejetées par la société et par leur propre famille. Seules, elles veulent, aujourd?hui, se faire entendre. Comme elles, des enfants et des hommes meurent en silence. «Aujourd?hui, j?ai pris mon courage à deux mains et j?ai décidé de m?adresser à vous afin de vous demander de venir en aide à des milliers de femmes et de jeunes filles algériennes pour leur éviter le risque de voir leur vie brisée à la fleur de l?âge. Mon histoire est inhumaine, en particulier quand on m?a imposé de vivre avec un corps étranger en moi, il s?appelle le VIH ou virus du sida. Au début, ils m?ont dit : ??Tu as attrapé la mort??, je l?ai cru et j?ai attendu ma destinée. J?ai perdu mon unique enfant et ensuite mon époux. J?ai longtemps attendu mon tour dans la douleur en subissant, jour après jour, les jugements, l?exclusion et la marginalisation des autres. Pourtant, ma volonté de continuer à me battre pour la vie ne faisait qu?augmenter. Aujourd?hui, dix ans après, je suis toujours là avec mon fidèle et cruel compagnon, souriante, avec le désir de vous ressembler et de rester le plus longtemps parmi vous.» Ce vibrant appel d?une femme algérienne, membre de l?association Hayet, vivant avec le VIH/sida, a été porté sur les affiches de la journée sur la lutte contre le sida, hier, au Hamma. Cette journée a été consacrée cette année aux femmes qui crient à la face de tous : «Allez-vous enfin m?écouter ?» En Algérie, elles sont très nombreuses à être plusieurs fois victimes : contaminées par leur mari, elles sont condamnées, rejetées par tous, pestiférées, portant en silence le poids de la douleur, de la honte, de la culpabilité et de la solitude.