La secousse tellurique de magnitude 5,7 sur l?échelle de Richter, qui a ébranlé, hier, à 18h 42, plusieurs wilayas du pays, est, selon le Craag, une réplique du séisme du 21 mai 2003. Quoi qu?il en soit, les souvenirs du drame d?il y a un an et demi sont brutalement remontés à la surface, notamment dans les régions les plus éprouvées. Moins quart? ça rappelle étrangement un autre moins quart, plus dévastateur. Un autre qui fait suffoquer, qui asphyxie. 18h 42, 43 ou 44, on n?a plus le temps de regarder sa montre ! C?est la panique. C?est le séisme. La preuve ? Un jeune se jette du balcon d?un immeuble à Rouiba. La témérité ne peut rien face à ce précieux instinct de survie. «Il a eu du courage, il s?est jeté de haut», s?étonne un groupe de jeunes qui habitent le même immeuble que celui qui a eu l?audace d?affronter la mort en échappant au séisme. Ils vont passer la nuit dehors en ruminant un seul sujet : le tremblement de terre. Leur ami, lui, va passer la nuit à l?hôpital, car son état est critique. A Boumerdès, les scènes d?hystérie foisonnent. La magnitude, 5,7, arrêtée par le Craag qui situe l?épicentre à 5 km au nord de Boumerdès, n?a d?égale que l?élan effroyable d?une panique qu?on ne peut jamais maîtriser en pareilles circonstances. Hystérie incontrôlable, ingérable surtout quand des souvenirs macabres reviennent titiller des mémoires déjà suffisamment servies. On court dans tous les sens, quitte à créer des embouteillages monstres dans les escaliers des immeubles. Quitte à balancer son voisin sur un mur en béton. D?autres, impuissants, étaient restés cloués sans réaction, le visage blême. C?est le séisme ! Résultat : 70 blessés dont une dizaine de cas graves et une centaine de personnes qui se sont évanouies, ébranlées par la forte secousse. Celle-ci, d?à peine quelques deux secondes, a été ressentie partout : Boumerdès, «l?épicentre maudit», Zemmouri, Alger, Tipasa, Bouira, Tizi Ouzou. A Alger, un immeuble vétuste, déjà laminé un certain 21 mai 2003, verra sa façade s?écrouler comme un château de cartes. A la recherche du moindre détail, d?une nouvelle réconfortante d?un parent ou d?un ami, les téléphones portables marchent comme jamais. La mobilisation est générale. Citoyens, médecins, éléments de la Protection civile, ceux de la gendarmerie et de la police vont, la main dans la main, s?unir pour «apprivoiser» une panique sans cesse grandissante. Les hôpitaux de Boumerdès, Zmirli, Bouira sont sur le pied de guerre. Des premiers soins sont apportés aux blessés, pour des fractures pour la plupart. Les cas les plus graves sont gardés en observation. Les agents de Sonelgaz, quant à eux, s?attellent à rétablir en urgence le courant électrique. A 21h, le courant est revenu. Mais à Boumerdès, Réghaïa, Bouira et dans les zones environnantes et même dans quelques quartiers classés «orange» à Alger, on opte carrément pour la prudence. On n?a plus le courage de regagner son domicile et être entre quatre murs et un plafond qui risquent de s?effondrer. Pourtant, M. Hamadache, un chercheur du Craag, glisse quelques propos pour tempérer les ardeurs : «Cette réplique est une activité tout à fait normale.»