Vestige L?identité d?une société se définit ? et se fait valoir ? à travers les différents aspects qui constituent ce que l?on peut appeler communément patrimoine ainsi qu?à ses caractères spécifiques. Le patrimoine, réservoir de l?authenticité, miroir de la culture et de l?histoire d?un peuple, représente un riche et précieux capital d?identification accumulé au fil du temps, au cours de l?histoire par l?homme. Officiellement, l?État s?est doté d?outils et de structures pour la conservation, la restauration et la protection du patrimoine. Toutefois, la réalité est tout autre. La situation de notre patrimoine est, hélas, à déplorer : des vestiges historiques d?une grande importance sont laissés à l?abandon, ils tombent en ruine, parce qu?il n?y a aucune considération, donc aucune prise en charge. L?exemple vivant et concret qui illustre cette réalité amère et désolante, c?est la Casbah. Cet ensemble architectural, à maintes reprises chanté par les poètes, décrit par les écrivains, représenté par les artistes peintres, se délabre, au vu et au su des institutions concernées sans que personne lève le petit doigt. Bien au contraire, on se tait, on se défile, feignant d?ignorer ce dossier si délicat qu?est la mise en valeur de notre patrimoine. Le Palais des raïs (Bastion 23) allait connaître, lui aussi, un destin tragique : il a failli être rasé, n?était l?intervention des associations sociales et culturelles. Même Alger, qui est un magnifique musée à ciel ouvert comportant de fabuleux édifices, ne bénéficie d?aucun entretien : des immeubles à l?architecture rare et remarquable, subissent des détériorations, les façades de certaines bâtisses sont défigurées par des transformations ou des extensions menées anarchiquement. Si elle n?est pas prise en charge, elle finira, elle aussi, par connaître le même sort que la Casbah actuellement. Cette réalité s?explique par l?absence d?une stratégie dynamique et efficace de préservation et de protection de notre patrimoine et de notre culture. Prendre en charge notre patrimoine, c?est, à l?évidence, tenir compte de notre passé, reconnaître notre histoire, donc accepter notre mémoire et l?assumer sans complexe ni tabou dans sa pluralité, dans sa différence. Or, il semble que nos responsables refusent de reconnaître tout ce qui ne s?accorde pas à leur vision du monde. S?il n?y a pas de démocratie, la culture ne peut survivre, elle sera réduite à la stagnation, au repli, à la disparition.