Opportunité n Le théâtre arabe a fait l'objet de réflexion et de débat, en marge de la seconde édition du théâtre professionnel. Plusieurs spécialistes, dramaturges, critiques, universitaires et chercheurs y ont abordé la problématique, à savoir : le théâtre arabe est-il ancré dans l'authenticité ? A-t-il sa spécificité ? Certains se sont accordés à dire que le théâtre arabe demeure captif – pour ne pas dire otage – du modèle occidental, alors que d'autres, moins pessimistes, estiment qu'il oscille entre le mimétisme et la recherche de soi, donc d'une spécificité – et de repères identitaires. Si dans ce débat éclectique – mais qui n'en demeure pas moins fructueux puisque l'on choit dans des généralités –, la question du théâtre arabe est abordée dans tous les sens, sur le fond comme en surface, qu'en est-il alors du théâtre algérien dans ces discussions qui prennent des mesures globales ? M'Hamed Benguettaf, homme de théâtre, tient, d'abord, à préciser que l'exercice théâtral (en Algérie) se faisait sur le modèle occidental. «C'était un théâtre à configuration purement européenne», a-t-il expliqué, avant d'ajouter que cela lui avait conféré l'appellation de «théâtre classique», théâtre souvent puisé dans le répertoire universel. La révolution du 1er Novembre, selon M'hamed Benguettaf, fait prendre au peuple algérien conscience de son histoire, de sa culture et de sa différence, donc de sa spécificité identitaire. Ainsi, la pratique théâtrale dite «classique» a cessé de se faire notamment avec l'indépendance lorsque des dramaturges ont travaillé au fil des années et des expériences de manière à adapter le théâtre à leur culture – et donc d'être davantage proche du public.» Pour ce faire, des dramaturges ont tendance à faire appel dans leur travail au patrimoine – et à la culture populaire qui sert de miroir au public algérien. Et quand ils se réfèrent aux modèles occidentaux, ils travaillent de manière à les algérianiser et à les inscrire dans une pratique judicieusement imaginée du patrimoine. Les modèles occidentaux deviennent des référents adaptés à la culture locale. Le théâtre algérien, et ce qui fait sa particularité, est ancré, d'une façon comme d'une autre, dans le patrimoine populaire, patrimoine qui l'alimente, nourrit continuellement son imaginaire. Ce référent à la fois culturel, historique lui confie son identité, voire son unité mémorielle. La mémoire collective, ancestrale s'y exprime pleinement [et authentiquement] à travers des formes qui font appel à la poésie, aux contes et aux dictons, aux mythes et aux symboles… Et si le théâtre algérien y tire toute son essence, son âme, c'est parce que l'individu qui le fait pratiquer y est profondément attaché et il ne peut se reconnaître comme étant un qu'à travers ce miroir qui n'est autre que son reflet. Un théâtre s'inspirant du patrimoine se révèle donc un théâtre vrai, authentique. Si le théâtre arabe et selon le discours global dans lequel il s'inscrit demeure encore prisonnier des schémas occidentaux, le théâtre algérien, quant à lui, a, semble-t-il, réussi à prendre ses distances, à être d'une certaine manière indépendant. Il se trouve toutefois que ce théâtre finit par s'essouffler parce qu'il use et abuse du patrimoine renonçant de ce fait à toute tentative de rechercher de nouveaux modèles d'esthétique et d'expérimenter autrement le patrimoine – selon une vision plus contemporaine. Le théâtre algérien souffre d'un manque criant d'imagination et de créativité.