Résumé de la 2e partie La grand-mère Sarah n?est pas d?accord sur les méthodes des psychanalystes. Elle décide donc d?offrir à son petit-fils Michell un voyage en avion. Mais cet arrêt est exceptionnel. La plupart du temps, ils vivent en l'air, dorment, mangent, discutent, rient en l'air. La terre est loin, le ciel leur appartient. Et les jours et les nuits passent. La grand-mère paie comptant tous les billets, et va dépenser ainsi en cinquante-six jours et pour 160 voyages New York-Amsterdam et retour 70 millions d'anciens francs. Une seule fois, le père, inquiet, les apercevra à l'aéroport de Cleveland. Grand-mère était venue vider son compte en banque. Il a juste le temps de crier, juste le temps de voir la grand-mère et le petit-fils lui faire un grand signe joyeux de la main, et hop ! ils sont repartis, envolés pour New York et pour Amsterdam. Dans l'avion de ligne, l'équipage se pose des questions. Cette vieille dame aux cheveux blancs et aux lunettes d'écaille, et ce gamin si beau aux longs cheveux dans le cou, qui sont là tous les jours, à chaque vol, cela paraît curieux. On pensera même à un trafic. La douane les fouillera, sans résultat bien sûr, et ils riront bien. Car, à chaque question indiscrète, grand-mère répond par un sourire, et Michel dit : «On y retourne parce que grand-mère a oublié de fermer un robinet.» A présent, il connaît la cabine de pilotage comme sa poche, mais il n'abandonne jamais longtemps grand-mère Sarah. lIs papotent. De quoi ? De rien, de l'air du temps, des oiseaux, de la mer, des nuages. Et Michell, c'est évident, a l'air plus heureux sur son tapis volant que sur le canapé du psychiatre. Grand-mère ne parIe pas de névrose, elle parIe de la vie. Et ils grimpent main dans la main les échelles, traversent les pistes, et attachent leur ceinture avec volupté. Pendant cinquante-six jours, 160 voyages aIler et retour, 800 000 km environ dans les airs au-dessus de l'Atlantique. Michell parIe bien, mange bien, répond bien, il porte la valise de grand-mère, l'aide à s'asseoir. Et le 3 septembre, à l'hôtel Fromer d'Amsterdam, chambre 103, il l'aide à se coucher pour mourir. Le c?ur de grand-mère Sarah ne fera pas Amsterdam-New York une fois de plus. Le dernier voyage était un aIler simple. Michell veille sa grand-mère toute la nuit, et le lendemain matin prévient la direction de l'hôtel, s'occupe des formalités, télégraphie à son père, annule le voyage qu'il devait faire comme d'habitude, VOL 514 de la compagnie X, départ 10 h 22 porte B. ll est devenu grand, il agit comme un grand, dans un grand chagrin. En attendant son père, il envoie promener les journalistes qui voulaient lui faire raconter l'histoire de ces cinquante-six jours de voyage avec grand-mère Sarah. «Fichez-moi la paix !... s'il vous plaît, ajoute-t-il. Comment vas-tu, a demandé le père, j'étais inquiet, c'est de la folie, un enfant de ton âge dans cette situation. Ça ira, a répondu le fils. ll ne faIlait pas t'inquiéter, la folie n'a rien à voir là-dedans. Que ce soit entendu une fois pour toutes entre nous. On peut rentrer maintenant.»