Découverte Si la naissance d?un enfant trisomique confronte les parents à une réalité dramatique, elle apporte néanmoins une toute autre vision de la vie : le bonheur et la gaieté n?ont pas de physionomie ! «Lorsqu?est venu au monde notre troisième enfant Hakim, nous étions déçus et désemparés. Que faire de lui ? Comment affronter le regard des autres ? Un fatras de questions nous taraudait l?esprit, Zahia ma femme pleurait sans cesse, du matin au soir. Notre enfant ne parlait pas, il ne bougeait pas ses membres. Il avait une tête différente. Comment s'en occuper, comment l'insérer dans la famille et dans la société, que faire s'il ne sait pas boire, s?il ne sait pas marcher et lire ?», témoigne son père, Rabah, 45 ans. Son petit, entre ses jambes, n?arrête pas de jouer. Le visage lisse, les yeux bridés et les cheveux noirs, Hakim a la mine joviale. «Il est en deuxième année, il a appris à parler et commence à écrire, même s?il ne tient pas bien encore un stylo entre les doigts.» Rabah regarde passionnément son enfant en train de provoquer les gens dans la salle d?attente du dispensaire, puis lance : «Regardez-le comment il rit, comment il joue. C?est un vrai boute-en-train. Il sème du bonheur autour de lui, comme à la maison. Il est si attachant et affectueux. Quand nous repensons, sa mère et moi, à notre première déception et aux jours qui ont suivi sa naissance, nous en éprouvons un réel apaisement : nous l?avons gardé, aimé et il nous le rend bien.» L?enfant provoque les gens assis, lassés par l?interminable attente. Il rit joyeusement, sursaute de joie, marmonne quelques mots. C?est lui qui va vers les gens. Amusés, ces derniers le regardent ébahis par tant de jovialité et de candeur. «Les gens le considèrent comme un malade mental, mais ce n?est pas le cas, c?est un être conscient et chaleureux, il a le droit à l?amour et à la vie. C?est la leçon que m?a donnée mon enfant de 7 ans, Hakim.»