A propos de l?analyse de cette violence généralisée en Algérie, Lahouari Addi, sociologue et professeur à l?IEP de Lyon, atteste qu?elle tient son origine de l?extension de la pauvreté et de la rareté des ressources devenues un enjeu de survie pour de nombreuses franges de la société. Dans cette approche, Lahouari Addi explique qu?il est normal que la violence sociale atteigne le sommet dans un pays qui dénombre plus de 100 000 morts et où les restructurations économiques provoquent des ravages sociaux. Pourtant, dit-il, «la jeunesse algérienne rêve de paix. Elle ne se reconnaît pas dans les violences qui l'assaillent. On ne peut que constater son enthousiasme chaque fois qu'on lui parle de paix». Alors que les autorités invoquent la sécurité pour freiner les activités de la société civile, la restriction que subissent les jeunes pour s'exprimer de manière pacifique ne peut, selon lui, que les pousser vers des formes d'expression violentes ou même les faire basculer dans l'extrémisme. Ainsi, faute de travail, de pouvoir imaginer une vie meilleure et en raison de la frustration sexuelle, l?absence d?appuis sociaux, l?injustice, privés d'espoir, les jeunes sont dans la rue, dés?uvrés, à «tenir les murs». Ils rêvent, mais leurs rêves tournent aux cauchemars. «Parce qu'on ne sait pas, ou qu'on ne veut pas leur parler, ils sombrent dans la violence», conclut le sociologue. De son côté, Slimane Medhar, auteur du livre Violence sociale en Algérie, explique que ceux qui pratiquent la violence sont, en fait, des gens engloutis dans «le sadomasochisme, cette névrose traduit l?antagonisme de leur virilité et de leur impuissance à disposer d?une manière autonome des moyens qu?ils convoitent. Elle révèle leur fragilité et signale leur incapacité de gérer leur énergie et leur temps d?une manière autonome. En d?autres termes, elle atteste leur dépendance.»