Bientôt les guides touareg de Erwin von Bary repèrent, dans les galeries qui surplombent la berge de l'oued, les sauriens. Ils sont immobiles, le museau entre les pattes, faisant la sieste. Les guides s'arment aussitôt de longues perches et entreprennent de taquiner les sauriens. Mais ils ne réagissent pas et l'explorateur doit partir, déçu. Déçu seulement en partie puisqu'il a, maintenant, la preuve que le crocodile du Sahara n'est pas un mythe ! L'explorateur allemand aurait bien aimé en capturer un et le ramener, mais il ne parvient pas à le faire. Il multipliera les randonnées dans les gueltas, promettra des récompenses à ses guides, mais le crocodile n'apparaît pas. Les crocodiles, que certains ont décrits comme agressifs, sont plutôt des animaux craintifs. Ils se sauvent au moindre bruit et se cachent dans les trous d'eau. Il est alors pratiquement impossible de les en déloger et, à plus forte raison, de les capturer. Quant à les tuer, il faut disposer d'une arme à feu. Dans le livre qu'il va publier en 1898, Erwin von Bary va écrire que le crocodile est très abondant au Sahara. Quant aux traces qu'il a relevées au bord de l'oued, elles vont lui permettre d'évaluer la taille des crocodiles : de 58 à 60 mètres, ce qui paraît très exagéré. En effet, il faudrait plus que la quantité d'eau d'un oued pour permettre à un animal de cette stature de vivre et d'évoluer !