Opportunités Offrons- nous vraiment le choix et la quantité de livres nécessaires à l?Algérien pour qu?il devienne un lecteur assidu ? «Le dernier ouvrage du Libanais Amine Maalouf s?est vendu comme des petits pains au point qu?il y a eu rupture de stock», nous indique le gérant d?une librairie située à la rue Ben M?hidi (ex-rue d?Isly). Il a fallu moins d?une semaine pour qu?Origine disparaisse des étagères. «Pour le prochain arrivage, il faut compter une semaine, voire plus», explique-t-il à ceux qui lui demandent s?il en reste encore. Cette situation est caractéristique de ce que vivent certains lecteurs qui ont un choix bien précis. Toutefois, ils doivent attendre la fin du mois pour se procurer un titre qu?ils ont remarqué chez un libraire en quittant le travail. Parfois malheureusement ça n?attend pas. En sortant de la banque, ils se dirigent vers le libraire en question pour se procurer ce livre qui les hante depuis plus d?une semaine. Une fois sur place, ils sont frustrés de voir que le livre en question ne les a pas attendus. Certains ne prennent même pas la peine de faire le tour du local pour se rabattre sur un autre titre du même auteur ou d?un autre. De chez le libraire, ils vont droit chez le vendeur de chaussures ou bien à la pizzeria du coin. Résultat : un lecteur de moins sur la maigre liste des acheteurs de livres en Algérie. Il est utile donc de se demander si tous les lecteurs sont égaux devant l?accès aux livres. En outre, plus l?ouvrage est inédit et son auteur célèbre plus son prix est inabordable. Il faut donc économiser pour lire. C?est ainsi que la fin du mois devient par la force des choses, le moment où les lecteurs se bousculent chez les libraires pour acheter juste un seul livre. Reste la question de la quantité d?ouvrages proposée. «Premier venu, premier servi», telle est l?implacable loi de la lecture publique en Algérie. Il faut dire que les éditeurs et les importateurs de livres préfèrent écouler leurs marchandises au compte-goutte, plutôt que de les voir stagner sur les étals et enregistrer ainsi des pertes financières. Pour sa part, le lecteur se focalise sur le même écrivain tout en ignorant les autres. C?est le cas pour Amine Maalouf devenu le «chouchou» des lecteurs algériens. Et tant qu?on n?a pas encore lu tous ses ouvrages, les autres attendront. Par ailleurs, il y a lieu de se demander si 60 librairies généralisées et 140 spécialisées à travers le territoire national suffisent à étancher la soif de lecture de centaines de milliers d?Algériens. Offrons-leur le choix et la quantité avant de les juger.