Pour une fois, les chefs d'Etat ou de gouvernement des 25 pays membres de l'Union européenne sont restés sans voix. Au beau milieu du délicat débat sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, le système d'interprétariat est tombé en panne dans la salle de réunion et d'après les participants, tous les efforts déployés pour le réparer ont échoué. Les excellences européennes n'ont pas eu d'autre solution que de communiquer entre elles en anglais, bafouant ainsi allègrement le sacro-saint principe de l'UE permettant à chaque dirigeant européen de s'exprimer dans sa propre langue. Le Premier ministre grec, Costas Karamanlis, ainsi que le président chypriote grec, Tassos Papadopoulos, n'ont pas hésité à parler la langue de Shakespeare. En revanche, l'Allemand Gerhard Schröder et l'Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, beaucoup moins assurés en anglais, se sont tus. Certains responsables ont demandé à des interprètes de venir à la rescousse pour leur murmurer à l'oreille des traductions. Polyglotte chevronné, le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos a remplacé au pied levé Zapatero pour exprimer le point de vue de Madrid sur le maintien d'aides européennes généreuses aux régions les plus pauvres des «vieux» Etats membres.