"Hassina" Débarrassant la table du petit déjeuner, elle regarde son mari d?un air pensif. Quelque chose a changé dans son attitude, mais elle n?arrive pas à savoir ce que c?est. Ce dont elle est certaine c?est que leurs relations ne sont plus les mêmes depuis quelque temps. De plus en plus distant, son mari en arrive même à afficher de l?indifférence à son égard. Depuis dix ans qu?elle est mariée à Chaâbane, la jeune femme de 36 ans en est arrivée à l?aimer réellement et pas seulement comme on aime un mari par habitude ou par souci de confort. Bien sûr, elle entend souvent parler de relations adultères entretenues par les uns ou les autres, d?infidélités conjugales découvertes par des épouses trompées, humiliées? Mais rien de ce qu?elle peut entendre n?ébranle sa certitude et aucune de ces horreurs n?arrivera jusqu?à elle et n?entachera l?harmonie qui enveloppe, depuis dix ans, sa vie avec son mari et ses trois enfants. Toutes ces choses, Hassina se les répète à longueur de journées, mais rien à faire : une inquiétude sournoise s?insinue dans son esprit chaque jour un peu plus. La tirant de ses pensées moroses, la sonnerie de la porte retentit. Hassina sursaute et se dirige vers l?entrée. Ouvrant la porte, elle a du mal à cacher son étonnement en apercevant Malika, sa voisine. Jamais, elle ne s?était présenté chez elle aussi tôt. Sitôt installée au salon que son hôtesse, prend la parole. Prenant un air mystérieux, elle chuchote presque : «Ton mari est parti j?espère». «Oui il est parti travailler bien sûr». Hassina est plus intriguée que jamais. Prenant son temps, semblant apprécier l?intérêt que lui portée Hassina suspendue à ses lèvres, Malika finit par prononcer les phrases fatidiques : «Quand j?ai su, je me suis dit que le minimum que je te devais était de venir t?en informer. Notre amitié et nos rapports de voisinage durent depuis si longtemps que je ne peux me permettre de taire ce que je sais. Je n?en dormirais pas la nuit». «Voilà, reprend-elle au bout d?un moment, Chaâbane, ton mari, te trompe avec Nadia sa cousine. Désolée mais je le tiens d?une source sûre et ma conscience ne me permet pas de te laisser dans l?ignorance.» Jusqu?à aujourd?hui, Hassina est incapable de dire comment elle s?est comporté avec sa visiteuse, comment elle l?a conduite jusquà la porte et ce qu?elle lui a répondu. Depuis cette visite, Hassina ne doute plus. Elle sait. Nadia ? S?interroge-t-elle douloureusement. Pourtant, elle est mariée. Il est vrai que Mokrane, son mari, est un simple d?esprit et qu?elle a été obligée de l?épouser par ses parents séduits par sa fortune, mais elle n?en est pas moins une femme mariée. Folle de douleur et de jalousie, blessée dans son amour-propre, Hassina ne pense désormais plus qu?à une chose : se venger. Mais d?abord, il faut qu?elle voie la trahison de ses propres yeux. Un jour, elle suit donc son mari et le voit entrer chez Nadia. Apparemment, en l?absence du mari, il se passe beaucoup de choses. Patientant un peu, elle se glisse dans le jardin et se hisse jusqu?à une fenêtre à travers laquelle elle a le temps de voir les deux amants enlacés entrer dans une chambre. Rentrant chez elle, Hassina se couchera tôt ce soir-là prétextant une migraine. Son mari ne tarde pas à la rejoindre au lit. Faisant semblant de dormir à poings fermés, elle attend que ses ronflements emplissent la pièce pour se lever, s?emparer d?une hache qu?elle avait préparée et l?abattre sur sa tête. Hassina est quelque temps après condamnée à la prison à perpétuité.