Résumé de la 2e partie n Peter et son épouse vont du côté de Santa Barbara pour déjeuner... Elle sortit de la salle de bains vêtue très légèrement, se dressant sur la pointe des pieds afin de mettre ses jambes en valeur. — Bien sûr, si tu as une meilleure idée... — Elle se déhancha et posa une main sur sa taille comme elle avait vu Mae West le faire à la télé. Le journal gisait au pied de la chaise de Peter. Il était au téléphone. Puis il raccrocha brusquement et dit : — Voilà cinq minutes qu'ils me font poireauter, à la réception ! Il vaut mieux que je descende carrément leur parler. II se leva et sortit, sans même lui adresser un regard. Lorsqu'elle fut seule dans la chambre, elle réalisa qu'elle se tenait toujours sur la pointe des pieds et reposa ses talons sur le sol. Elle tritura une petite peau, sous l'ongle. L'avait-elle choqué ? Non, Peter n'était pas du genre puritain, de cela elle était certaine. Mais peut-être avait-elle surestimé ses forces – il était presque deux fois plus vieux qu'elle, après tout, et en était conscient. A supposer que ce fût le cas, la différence d'âge s'immisçait alors pour la première fois dans leur relation. Mais selon toute probabilité, il était juste préoccupé. Il lui arrivait d'être ainsi : présent, tendre et attentif puis, l'instant d'après, distant et perdu dans ses pensées. Oui, elle avait encore beaucoup de choses à apprendre. Elle se baissa pour ramasser le journal et le poser sur la table, lisant au passage le gros titre de première page, où elle repéra le mot Detroit. Elle se demanda si c'était ce qui avait rendu Peter soucieux. Detroit était sa ville ; c'est là que se trouvait le siège de la chaîne de magasins d'appareils photo qu'il avait possédés. Le fait de retomber par hasard sur le nom de la ville lui avait peut-être rappelé de vieux tracas. Le titre en lui-même – OUVERTURE D'UNE INSTRUCTION CONTRE UN PARRAIN DE DETROIT – paraissait trop loin de leur vie pour être inquiétant. Lorsqu'il reparut, il était de nouveau tendre et enjoué. Elle en ressentit un tel soulagement qu'elle tarda un peu, cette fois-ci, à se jeter à son cou. Leurs ébats furent plus brefs, moins passionnés et, trois quarts d'heure plus tard, ils tentaient d'échapper, à bord d'une Camaro décapotable vert pomme, aux bouchons et au smog, pour pouvoir relever la. capote et se prendre pour Cary Grant et Deborah Kerr (Laurie était accro à la chaîne Ciné-Classique). Ce matin-là, le ciel était couvert. Mais après un déjeuner plutôt décevant à Santa Barbara, où le restaurant dont Peter se souvenait avait changé de propriétaire et perdu en qualité, le soleil fit son apparition. Lorsqu'ils s'en retournèrent vers Los Angeles, ses rayons perçaient des nuages orange et pourpres, composant un de ces stupéfiants couchers de soleil que la Californie du Sud doit à la pollution atmosphérique. Bien que Laurie eût fait partie, au lycée, d'un groupe de défense de l'environnement, elle était trop enivrée par la splendeur violette du Pacifique pour s'en soucier. (à suivre...)