Venir le dernier, dji' alakher, peut-être positif ou négatif : tout dépend de qui vient et à quel moment. Le dernier-né, par exemple, est toujours favorisé. C'est le cadet, le chouchou, ou pour reprendre un terme spécifiquement algérien : lmazuzi. Mazuz, mazuzi est, en fait, un mot berbère qui signifie justement «cadet». ll vient du verbe mzy qui signifie au sens propre «être précoce», en parlant des cultures et des fruits et «être le dernier-né», en parlant des animaux. C'est de ce verbe que dérive le mot ameziane «petit, jeune» qui a donné le prénom bien connu Meziane. Arriver le dernier à un repas ou à une fête, c'est non seulement mal vu mais également pénalisant : on ne trouve plus rien à manger. «Arriver en retard à une fête» signifie, au sens figuré, rater une occasion. «Qui a mangé a mangé, dit le proverbe, quant à celui qui n'a pas mangé, l'écuelle a été enlevée.» Autrement dit : qui a profité d'une occasion, tant mieux pour lui, qui l?a ratée, tant pis pour lui ! Mais le dernier arrivé peut être l'objet de toutes les attentions : on l'entoure, on l'interroge, on l'adule. C'est, en effet, lui qui apporte les nouvelles fraîches, qui informe les gens, notamment au temps où la parole était le seul mode de communication. Lkhbar, idjibuh twala, «les derniers arrivés apporteront l?information», dit le proverbe très connu qu'on cite surtout pour confondre les hâbleurs et les fanfarons. Ils ont beau mentir quand ils viennent de loin, mais il suffit que quelqu'un dise ce qu?il en est pour clouer le bec au fanfaron. Ce proverbe est cité aussi en guise d'avertissement : c'est un peu l'équivalent du proverbe français «Rira bien qui rira le dernier.»