Investissement Les dispositifs successifs mis en place par les pouvoirs publics depuis une quinzaine d?années ont suscité, au niveau de la wilaya, un véritable engouement. Le dernier dispositif en date, destiné aux 35-50 ans, a suscité, à lui seul, 722 propositions de candidature à Tizi Ouzou, selon un rapport d?évaluation de la direction régionale de la Caisse nationale d?allocation chômage (Cnac) à laquelle a été confiée la gestion de ce dossier. Ce chiffre représente, rien que dans les limites géographiques de cette direction régionale qui comprend Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès, presque le double du nombre de dossiers présentés à Bouira (391) et plus de cinq fois celui présenté à Boumerdès (136). Ce chiffre dénote, au-delà de la question de densité démographique, l?ampleur du chômage qui frappe une région difficile topographiquement et instable politiquement, ce qui se traduit sur le terrain par l?absence d?investissements économiques conséquents à même d?atténuer un tant soit peu l?intensité du phénomène. Le rapport indique que durant les dix dernières années, pas moins de 61 entreprises ont été liquidées au niveau de la wilaya, dont 32 EPE, 25 EPL et 4 privées. Et s?il relève du domaine de la tradition le fait que la région soit pourvoyeuse d?immigrants vers l?intérieur comme vers l?extérieur du pays, l?explosion démographique des années quatre-vingt a fait que même le maintien de ce flux migratoire ne suffit pas à régler le problème du chômage dans la région. C?est pourquoi, cette ruée vers l?espoir suscité depuis 1990 par l?Etat avec d?abord le dispositif d?emploi de jeunes de l?Ansej se poursuit avec celui appelé officiellement «chômeurs-promoteurs âgés de 35 à 50 ans». Déjà, avec le dispositif Ansej (destiné aux chômeurs de moins de 40 ans) lancé à Tizi Ouzou en 1998, les chiffres communiqués à la presse indiquent que près de 15 000 dossiers ont été déposés auprès de l?agence locale. Seulement, les projets qui sont allés à terme ne dépassent guère le quart de la demande, soit 4 246 dossiers. Sur ces projets accordés jusqu?au 1er décembre en cours, seules 3 893 microentreprises ont été réellement créées, soit le quart de la demande exprimée. Mais au-delà des chiffres et des connotations qu?on peut leur donner, des questions de fond restent posées, à savoir combien de ces entreprises réussiront-elles leur pari ? Combien de crédits seront-ils honorés ? Quel est l?impact réel de ce dispositif sur la société, que ce soit sur le plan de l?absorption du chômage ou sur celui du développement économique en général ? Les réponses à ces questions et bien d?autres restent, bien entendu, difficiles, voire aléatoires en l?absence d?étude approfondie en la matière et de la précarité du moment pour tirer toutes les conclusions de l?expérience. Mais d?ores et déjà, l?on peut dire que dans les meilleurs des cas, le chiffre de 10 746 emplois créés en six ans par le dispositif reste modeste par rapport à la demande exprimée annuellement sur le marché du travail dans la région. Rien qu?en comparant avec le chiffre de 35 768 emplois théoriques prévus pour les 15 000 demandes de crédits exprimées, il ressort que pas moins de 25 000 emplois attendent toujours d?être créés, depuis six ans, soit plus de 4 000 par an. En outre, le fiasco du dispositif de l?emploi de jeunes mis en ?uvre auparavant et dont aucune étude ou enquête n?a défini l?ampleur et les contours, n?augure pas d?une réussite du dispositif de l?Ansej, vu les contraintes et embûches que rencontrent les jeunes entrepreneurs sur le terrain (marché, fonds de roulement, concurrence, diversification...). Ainsi, dans cette cacophonie qui n?a pas encore livré tous ses secrets, un autre dispositif a été mis en place pour susciter la même ruée, les mêmes désillusions et les mêmes galères. En effet, sur les 722 dossiers présentés à Tizi Ouzou depuis le lancement du dispositif 35-50 ans en avril 2004, à peine un cinquième a été examiné (196) alors que le taux de cette étude atteint jusqu?à 50% à Bouira et Boumerdès. Pis encore, le nombre de dossiers déposés auprès de banques pour demande de crédit est de 72 et 6 seulement ont reçu un avis favorable, selon les chiffres de la direction régionale de la Cnac de Tizi Ouzou. Alors, il reste à se demander combien de petits projets seront créés d?ici à un an, deux ans, six ans ? Combien de ces projets réussiront-ils ? En attendant, la ruée vers les crédits bancaires, à Tizi Ouzou, continue à un rythme soutenu, dans une ambiance de ruche.