Réflexion La question éducative reste un sujet problématique, voire polémique : les réflexions avancées sont partagées, souvent antagonistes. Certains ? les réformistes ?sont portés sur la nécessité d?inscrire la question éducative dans un discours de modernité et d?ouverture, alors que d?autres ?les conservateurs ? maintiennent l?éducation dans une pratique d?enseignement traditionaliste. La question éducative est marquée, en effet, par des différences et présente pour les politiques un souci majeur et complexe. Au lendemain de l?indépendance, l?institution politique, chargée de penser et promouvoir une école où s?effectue le changement et se libèrent les mentalités des futures générations, s?est trouvée ? et se trouve toujours ? confrontée à un débat conflictuel suscitant énormément de polémiques. Et malgré les «initiatives» menées en direction de l?éducation, la question éducative reste, jusqu?à présent, irrésolue, compte tenu des divergences et des échecs accumulés depuis. Le constat est donc déplorable : l?éducation est sinistrée. La raison de cet échec revient à une mauvaise conception et gestion du système éducatif au sein de l?école, à une entreprise pédagogique menée maladroitement et d?une manière irréfléchie, hâtive, et dans un sens unilatéral, excluant les autres «discours suggestifs», et sans qu?il y ait au préalable une étude menée concrètement et de façon rationnelle sur le terrain en vue de prospecter pour mieux concevoir un programme parfaitement adapté aux besoins de l?apprenant, lui assurant une existence intellectuelle de taille, avérée, adéquate aux exigences du quotidien. Une existence régie par une pensée moderne, opérante et largement ouverte aux autres pensées en évolution constante. L?école algérienne s?asphyxie, elle est saturée. Le système éducatif souffre d?altérations diverses et à tous les niveaux, et même de corruption causée par une politique rétrograde, coupé des réalités sociales et culturelles que pratique le sujet au sein de son environnement social. Se faisant à double sens ? c?est-à-dire bilingue ? l?enseignement, avant, était capable de former une élite intellectuelle chargée de penser et de concevoir un projet de société, de guider la société et l?orienter sur des voies menant vers l?émancipation et le progrès. Or, avec le système éducatif actuel (type fondamental), l?école est ruinée par une pédagogie gâtée, stérile et passéiste. Elle est victime de la domination d?une partie qui l?a confinée dans les limites idéologiques rétrogrades, alors que l?école a besoin d?une pédagogie rationnelle, d?un schéma intellectuel agissant, selon lequel l?enseignement se fait avec pragmatisme et transparence. La question éducative doit être intellectuellement considérée dans une réflexion conseillant la constitution et la reconstitution sans ostracisme du patrimoine culturel dans sa diversité aussi bien historique que linguistique en focalisant sur ses éléments solides. La question éducative doit tirer son essence d?un retour à l?histoire, sans hésitation et avec humilité, et aider à faire face aux défis du présent. Seule la nécessaire adoption d?un système éducatif moderne, ouvert et lié à son histoire est susceptible de faire front à la déchéance et mener à une véritable renaissance culturelle et scientifique. Car une société se construit, a priori, à partir d?un enseignement pluriel, juste et surtout positiviste, et la formation de l?être rationnel repose sur une algérianité spécifique, ancienne, diverse et ouverte à l?universalité et à la modernité. L?interaction entre les différentes composantes de notre patrimoine culturel, historique et linguistique s?avère en mesure d?assurer un système éducatif élaboré, ouvert, moderne et rationnel, capable de former une élite d?intellectuels et de penseurs.