Patrimoine Un projet s'inscrivant dans le cadre du «plan de sauvegarde de La Casbah» vient d?être lancé, visant à réhabiliter la cité et à lui rendre son visage d'antan. La Casbah d?Alger, classée en 1992 patrimoine universel par l?Unesco, longtemps confrontée aux aléas du temps, négligée et laissée à l?abandon, tombe en ruine au fil des ans. De nombreux appels en vue de sensibiliser les pouvoirs publics pour se pencher sur la problématique de ce site millénaire n?ont cessé d?être lancés par les Amis de La Casbah et du patrimoine en général. Il se trouve cependant que ces appels n?ont pas eu vraiment d?écho, même si de nombreuses promesses concernant des mesures politiques aboutissant concrètement à des initiatives de restauration ont été évoquées par les autorités concernées. Aucune réelle volonté en ce sens n?a été entreprise par les institutions publiques. Il est cependant à noter que La Casbah a fait l?objet de deux programmes de restauration : le premier en 2003, à la suite du séisme du 21 mai ; le second en 2004, mais ni l?un ni l?autre n?ont fait l?objet d?une stratégie de réhabilitation de grande envergure. Alors que le militantisme pour la survie du site continue d?être mené par les défenseurs du patrimoine, La Casbah, elle, continue à s?effriter jour après jour. Toutefois, l?année dernière, le dossier de La Casbah a fait l?objet de débat au sein du Conseil de gouvernement. Un projet ambitieux a été lancé récemment par le wali délégué de Bab el-Oued. Il consiste à entreprendre une importante opération de réhabilitation de 192 bâtisses, soit 1 012 habitations, datant toutes de la période ottomane. Ces édifices témoignent d?un genre architectural rare et parfois unique, attestant d?un génie créatif certain. Ils représentent, par ailleurs, la mémoire de la ville d?Alger. Une ville à la croisée des cultures et à la jonction des histoires. L?opération de réhabilitation menée par la wilaya d?Alger et estimée à soixante milliards de centimes, tend à favoriser la longévité de La Casbah en tant que site historique, voire à préserver sa mémoire et à améliorer aussi le cadre de vie de ses habitants, recréant un environnement à même de pérenniser les pratiques traditionnelles, à savoir l?artisanat. Effectivement, la réhabilitation de La Casbah signifie à l?évidence la réhabilitation des anciens métiers, donc la restitution d?une identité oubliée. Ce travail de restauration, qualifié de projet de «microchirurgie», se fera en étroite collaboration avec l?Agence nationale d?archéologie, car le site, fragilisé par les vicissitudes du temps, exige une haute technicité et une délicatesse dans les travaux de restauration des bâtisses historiques. Un travail de partenariat avec les entreprises chargées de la restauration du site et l?Agence nationale d?archéologie vient assurer cette opération afin de permettre à La Casbah de retrouver «son rang de patrimoine universel». Il est à souligner que cette opération de réhabilitation est la première expérience menée à 100% par des Algériens dans ce domaine, et débutera dans la wilaya d'Alger pour s'étendre par la suite aux autres wilayas ; il s?agit par ailleurs d?un «chantier-école» parce qu?elle permettra aux différents acteurs de ce projet d?acquérir une expérience conséquente dans le domaine de la restauration et de la réhabilitation des sites historiques.