Réalité Il est aisé à tout fin observateur de constater que le phénomène est en train de devenir une pratique «normale» dans les grandes villes touristiques et côtières. Leur âge ne dépasse pas 16 ans. Elles racolent sur l?autoroute ou travaillent dans les boîtes de nuit situées sur la côte algéroise et qui connaissent un afflux touristique très important surtout en saison estivale. «Nul ne peut ignorer la présence de filles mineures dans la région», explique un riverain habitué d?une grande boîte de nuit. «Les réseaux de prostitution détournent en général des jeunes filles pauvres venues de la campagne, des jeunes qui fuguent, vivent dans la rue ou tentent d?échapper à la pauvreté en émigrant dans les grandes villes touristiques comme ici», déclare un président d?une association à caractère social. «Prises dans les filets des proxénètes locaux, ces jeunes filles se retrouvent esclaves dans des bars, des boîtes de nuit et hôtels de passe sous bonne garde, souvent battues ou droguées pour se soumettre», ajoute-t-il. Les mineures ainsi exploitées, et selon leurs propres témoignages, peuvent aussi être envoyées dans une autre région. «Dernièrement, une jeune fille, originaire de l?Ouest, m?a téléphoné pour me dire qu?elle se trouve, avec la complicité d?un proxénète d?ici, dans la ville de Tichy à Béjaïa», témoigne notre interlocuteur. Ces villes côtières sont devenues des destinations prisées par des hommes à la recherche de jeunes prostituées. Parmi eux, il y a «ceux qui voyagent expressément pour trouver ce genre de défoulement, mais aussi des personnes qui, une fois sur place, se laissent tenter, en évoquant de faux arguments pour se dédouaner. Par exemple, que les filles locales aiment ça (se faire exploiter sexuellement !) ou bien, c?est un moyen de gagner sa vie pour les familles pauvres, le sentiment que tout s?achète contribue également à apaiser leur conscience», explique le président de cette association.