Récit La légende de l'homme qui voulait construire un paradis nous vient d'Orient. On connaît en Orient la légende de Chedad ben?Ad, l'homme qui avait voulu construire un paradis à l'image de celui que Dieu avait créé sur terre et dans lequel il avait placé le premier couple humain. Son nom, Chedad ben?Ad, le fait remonter au peuple de ?Ad : un peuple d'hommes gigantesques et puissants qui, en raison de leur impiété, ont été exterminés. Le Coran évoque également la ville des Adites, «Iram aux colonnes élancées», dans laquelle certains exégètes voient les colonnes de marbre de Damas. Mais on évoque aussi une ville antique, aujourd'hui disparue, dont la construction est attribuée à ce Chedad ben'Ad. Les auteurs orientaux décrivent Chedad comme un homme de haute stature, voire un géant, doté d'une force prodigieuse mais aussi d'un orgueil démesuré. Comme la plupart des gens de son peuple, il était idolâtré et refusait d'écouter le prophète Houd, envoyé par Dieu au peuple de 'Ad. ? Crains Dieu le Tout-Puissant, ne cesse de lui dire Houd. ? Je suis plus puissant que ton Dieu !, lui répond Chedad avec arrogance. ? Mon Seigneur est infiniment plus puissant que toi, lui répond Houd. Il n'appelle pas tout de suite contre lui le châtiment de Dieu, espérant qu'il reviendra à de meilleurs sentiments et se repentira. Dans sa Chronique des Rois et des Prophètes, Tabari écrit : «Houd l'appela à Dieu et lui dit : ?Crois en Dieu, afin qu'il te place dans le paradis.? Chedad lui demanda : ?Qu'est-ce que le paradis ?? Houd lui en fit la description. Alors Chedad dit à Houd : ?Si ton Dieu se glorifie d?un tel paradis, moi j'en ferai un sur terre qui sera beaucoup plus beau.?» Chedad commence alors la construction de son paradis, faisant travailler des milliers d'ouvriers à sa construction. A la fin, il obtient un grand jardin qu'il fait entourer de grands murs d'or et d'argent, incrustés de pierres précieuses. Tabari, avec son style exubérant, décrit ainsi ce paradis : «Des ruisseaux de vin, de lait, d?eau et de miel coulaient dans ce paradis. Au lieu de cailloux, Chedad mit au milieu de ces ruisseaux des perles et des rubis, et au lieu de sable, du musc et du safran ; il rangea sur leurs bords des arbres qui étaient faits d'or et d'argent, et dont les feuilles étaient d'or et les feuilles d'argent incrustées de pierres précieuses. Il construisit dans ce paradis des palais dans lesquels il plaça des jeunes filles et des jeunes garçons.» Mais la colère divine ne tarde pas à s'abattre sur Chedad qui est emporté par un vent violent. Le Coran rapporte, en effet, que c?est par un vent violent que furent exterminés les ?Adites : «Les gens de 'Ad, eux, furent anéantis par un vent glacial. Dieu l'a fait souffler sur eux, destructeur, sept nuits et huit jours de suite. Tu y voyais alors les gens étendus de tout leur long, comme des troncs de palmier vidés. Vois-tu seulement, parmi eux un survivant ?» (Sourate 69, v. 6-8) Depuis, on essayé de retrouver le paradis de Chedad, en vain. Cette légende est parvenue en Algérie. La version que nous rapporterons a été recueillie dans la région de Tlemcen, où le personnage central porte aussi le nom de Chedad. (à suivre...)