Problématique Où s?arrête l?éducation et ou commence la maltraitance ? L'existence de ce phénomène en Algérie n'a été révélée que très récemment à travers les statistiques des services de la protection de l'enfance de la Direction de la police judiciaire et certaines publications réalisées par des médecins légistes. Comment peut-on, en effet, parler de maltraitance lorsque la violence physique est conçue comme un outil éducatif aussi bien dans le milieu familial qu'à l'école ? Dans le cercle familial, «c'est souvent le père qui est l'auteur de la violence, la mère insécurisée, sous l'emprise d'un mari violent, appréhendant une rupture aux conséquences dramatiques pour toute la famille, renonce à déposer plainte et contraint l'enfant à subir la violence en silence. Si les faits sont révélés à la justice, la mère nie souvent leur existence, l'enfant est alors martyrisé, abandonné par les siens et culpabilisé, fait plus grave pour son équilibre psychique», atteste Mme Zerrougui, magistrate. Le tableau n'est pas moins inquiétant en ce qui concerne les maltraitances infligées à l'enfant à l?école. «Si la violence a lieu dans les écoles, la peur de représailles contre l'enfant empêche les parents de déposer plainte. Dans les milieux les plus défavorisés, les parents croient, à tort, que le maître ou l'éducateur est investi du pouvoir de correction des enfants». «Frapper fait partie de l'éducation, disent-ils», explique la magistrate. Dès lors, on est en droit de se demander où s'arrête l'éducation et où commence la maltraitance. Manifestement, les mauvais traitements des enfants ne sont décelables que s'il existe une prise de conscience, donc une perception de leur caractère condamnable, or dans notre société, nombreuses sont les familles qui banalisent ces tragédies et restent indifférentes vis-à-vis de l'intégrité morale et physique de l'enfant. Ainsi, la situation de l?enfant demeure, à bien des égards, fort précaire, sinon préoccupante dans beaucoup de foyers.