Le souper de Yennayer est le principal repas de la fête. Il est toujours préparé la veille. C'est d'ailleurs le cas de tous les grands repas de fête. Le souper de Yennayer ? imensi n nnayer en berbère, aa'cha yennayer en arabe ? varie d'une région à une autre. En Kabylie, à Alger, dans beaucoup de régions, le couscous ou berkoukes (couscous à gros grains) est à l'honneur. En Oranie, c'est le rougag qui a la faveur. Il s?agit de feuilles de pâte, très minces, à base de semoule, que l?on fait cuire dans une sauce rouge épicée, avec des légumes et des pois chiches. Tous ces plats se préparent avec du poulet. Le poulet est, en effet, la viande de Yennayer. Dans les campagnes, on engraisse, pendant des mois, de superbes coqs pour la fête. Dans les villes aussi, la tradition est à la poule ou au coq de campagne (djadj aârab) que l'on égorge dans les maisons. Le sang du volatile, dit-on, attire l'abondance et surtout chasse les démons. «Ssayel eddem, dit le proverbe, irruh' l?hem» «fais couler le sang ? du sacrifice ? le malheur s'en ira). On prépare aussi des beignets, des crêpes, des mchawcha ou pâtisseries à base d'?ufs et de semoule que l'on arrose de miel. Dans la région d'Oran, la spécialité est le cherchem, mélange de légumes secs, de fèves, de pois chiches et de blé que l?on fait bouillir. Légumes, fruits secs, bonbons, friandises représentent l'abondance, le bonheur et la joie de vivre... Comme dans toutes les fêtes, il faut manger à sa faim, car si on n?est pas rassasié on risque d'avoir faim l?année durant. Sans oublier la famine qui peut frapper le pays. Disons que c'est aussi l'occasion, pour les familles qui sont dans la gêne, de faire des repas copieux !