L'un des rares carnavals encore conservés en Algérie (et peut-être même le seul) est celui célébré chaque année, le 1er Yennayer, le jour de l'an berbère, par les Beni Snous de la région de TIemcen. La manifestation a lieu la nuit précédant la fête. On confectionne des costumes dans des peaux de mouton et on se taille, dans des peaux tannées, des masques de bêtes et de personnages. Les personnages principaux sont au nombre de quatre : l'un d'eux représente un âne, les trois autres portent des haillons et arborent des masques grimaçants. Leur chef, cheikh Boumennan, porte un cornet en fer qui amplifie ses cris. Les quatre personnages sont suivis d'une troupe de jeunes gens qui chantent, crient et lancent de toutes leurs forces : «Ayrad», vieux mot berbère qui signifie «Lion» et qui n?est plus utilisé dans la langue de la région. Ce mot, d'ailleurs, a désigné le carnaval lui-même. On va de maison en maison, on frappe aux portes et on collecte des aliments : des crêpes, des beignets, des figues sèches, des dattes, du pain que l'on va manger à la fin de la cérémonie? Un autre carnaval se tenait (peut-être se tient-il encore) à l'Akfadou, en Kabylie, à l'occasion de l'Aïd El-Fitr ou la nuit précédant le Mouloud. Ici, le personnage principal est un vieux, appelé Amghar uchequf (le vieillard du tesson de poterie). Il porte un masque en peau tannée duquel pendent une barbe et des moustaches en laine et en poils de chèvre. Il traîne un sac où il met les aliments qu'il collecte et, avec un bâton, il menace les enfants qui n'ont pas été sages.