De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur 950 avant J.-C.,à Beni Snous, dans la wilaya de Tlemcen, a été enregistrée l'une des batailles entre Chachnak et Ramsès et l'accès du chef numide au rang de pharaon. Dès lors, les Berbères ne pouvaient que fêter cette victoire en désignant cette date comme le premier jour du nouveau calendrier amazigh qui coïncide avec le 11 janvier du calendrier grégorien. Cette épopée nous ramène à près de 3 000 ans en arrière, lorsque Chachnek fêtait sa victoire dans la région des Beni Snous. C'est probablement depuis cette date que Yennayer s'est gravé dans les mémoires et que, de nos jours le premier jour du calendrier amazigh est célébré partout que ce soit à, Tlemcen ou ailleurs, chacun selon ses moyens. Même si la poussière du temps et le voile de l'oubli ont recouvert l'histoire et l'exploit de Chachnak, la fête est, en effet, toujours organisée dans plusieurs localités et régions d'Algérie, pour ne pas dire à travers tout le reste du pays, et ce malgré la cherté de certains fruits et légumes qui entrent dans la préparation des plats et friandises que les familles préparent à cette occasion. Bien que les frais de cette fête traditionnelle varient entre 2 000 et 4 000 dinars, aucune famille ne manquera de la célébrer car sans même qu'elles connaissent son histoire et ses origines Yennayer est devenu avec le temps une fête estampillée dans les mémoires des citoyens. D'ailleurs, les produits (fruits secs, bonbons,…) exposés dans les étals des magasins ou au niveau du marché trouvent toujours preneur. Dans la région de Beni Snous, les habitants ont une manière particulière de célébrer l'événement : ils organisent le soir du nouvel an le carnaval d'Ayred. L'originalité de cette fête champêtre, qui tire ses racines du fin fond de nos us et coutumes et des croyances les plus lointaines, réside dans son authenticité. Elle est spontanée. Elle est le patrimoine collectif et l'expression d'une identité millénaire à laquelle les populations demeurent attachées. Le carnaval, qui est célébré avec faste pour marquer le nouvel an amazigh, s'inscrit également dans l'esprit de la solidarité communautaire et de l'attachement au sacré.Selon le docteur Abdelmadjid Djebbour, qui a travaillé sur le carnaval, Ayred est fêté les nuits des 11, 12 et 13 janvier de chaque année, lequel coïncide avec Yennayer, le premier jour du nouvel an dans le calendrier amazigh. Durant ces trois jours, les villages des Beni Snous, notamment Khemis, Ouled Moussa, Ouled Arbi, Beni Achir et Beni Zidaz, sont en fête. Les préparatifs de la fête, a-t-il expliqué, impliquent tous les villageois, petits et grands, qui se sentent concernés par ce carnaval qui non seulement marque l'avènement du nouvel an mais constitue aussi l'ouverture de l'année agraire. Les préparatifs se font pendant une semaine. Ils concernent essentiellement la préparation des déguisements et costumes ainsi que les répétitions du spectacle par les comédiens, qui sont en fait des enfants du village, note le chercheur. Au début de la soirée de la journée du 11 janvier, tout le village se rassemble devant le mausolée. Dès la tombée de la nuit, les jeunes commencent à entonner des ritournelles et des chants champêtres. Ils sont accompagnés par groupe de musiciens. Des enfants et des jeunes portent des costumes et des masques qui représentent des animaux. A la tête de la procession, on trouve Ayred qui veut dire en amazigh lion. La petite troupe parcourt les rues du village en chantant et en dansant. Ils sont accompagnés des youyous qui fusent de partout. La procession sillonne pendant les trois jours le village et passe de maison en maison. Le carnaval sera clôturé par une grande fête la nuit du 13 janvier par la distribution de denrées alimentaires aux personnes nécessiteuses.