Fatalité Le petit garçon, dont le père est gouverneur de Caroline, a contracté la malaria dans l?île de Pawley. La jeune femme se penche sur l?enfant qui, les yeux fermés, halète doucement. Elle essuie la sueur qui coule de son front puis, délicatement, y pose un baiser. «Mon petit garçon, mon pauvre petit garçon», soupire-t-elle. Et elle se met à pleurer. L?homme, debout à ses côtés, la touche à l?épaule. «Voyons, Théodosia, tu vois bien qu?il dort.» Elle lève vers lui son beau visage blanc, sur lequel se lit une profonde tristesse. ? «Ah, Joseph, Joseph, je sens que notre petit garçon est perdu ! ? Ne dis pas cela, ma chère amie, Aaron va guérir !» Il se retourne vers le médecin qui se tient à quelques mètres de là. ? «N?est-ce pas, docteur, qu?il va guérir ? ? Je fais de mon mieux, monsieur le gouverneur, mais il y a des maux qui sont trop forts pour être combattus par la science.» La réponse ne pouvait être plus claire. Joseph Hamilton relève son épouse qui s?est remise à pleurer. ? «Voyons, Théodosia, ne reste pas là, tu vas tomber malade. Déjà que tu n?as rien mangé de la journée? ? Je ne peux pas laisser mon petit garçon ! ? Le docteur Harrison va s?occuper de lui !» Il force doucement la jeune femme à quitter la chambre. Il la conduit au salon, situé au rez-de-chaussée, et la fait asseoir dans un fauteuil. ? «Ma chère amie, tu vas prendre quelque chose? ? Je ne peux pas, Joseph ! ? Il le faut. ? Tu n?as pas compris ce que le médecin a dit ? ? Il a laissé entendre que le cas de notre petit Aaron est grave mais il n?a pas dit qu?il est désespéré? Il y a encore l?espoir de le sauver !» La jeune femme s?est remise à pleurer. ? «Ce qui me chagrine le plus, c?est que mon père risque de ne jamais le voir ! ? Ton père est à New York, tu pourras lui emmener le petit dès qu?il sera remis ou alors, il viendra lui-même, chez nous, en Caroline? ? Un pressentiment me dit que mon père ne verra jamais son petit-fils. ? Il ne faut pas avoir de mauvais pressentiments ! Il faut avoir foi en la Providence !» Joseph Alston va encore la forcer à s?alimenter, mais lui aussi a compris que son fils, le jeune Aaron, est perdu. Le jeune garçon, âgé de dix ans, a contracté la malaria dans la résidence d?été de l?île Pawley. Et en ce début du XIXe siècle, on ne dispose pas encore de médicaments efficaces pour combattre la maladie, surtout quand elle n?est pas prise à ses débuts. Le 30 juin 1812, le jeune Aaron Alston décède. (à suivre...)