En kabyle, et dans la plupart des dialectes berbères, l'arc-en-ciel est appelé tislit n wanzar (la fiancée de la pluie). En kabyle, c'est même l'un des rares cas où anzar (pluie) est employé. L'appellation, comme pour 'ars ddib (le mariage du chacal), est liée à une légende. Ici, il s'agit de celle du génie (autrefois, sans doute, Dieu) de la pluie qui s'éprend d'une belle jeune fille qui se baigne nue dans une rivière. Il se transforme en beau jeune homme et vient la demander en mariage, mais elle se refuse à lui. Alors, de colère, il assèche toutes les rivières, toutes les sources et tous les puits, de sorte que les gens comme les bêtes risquent de mourir de soif. La jeune fille se propose alors à lui et tout redevient comme avant. Depuis, à chaque fois que la pluie tarde à venir, on procède à un rite consistant à offrir une jeune fille au génie de la pluie. Il n'est pas impossible qu'on ait, autrefois, procédé à des sacrifices humains ; aujourd'hui, le rite consiste seulement à offrir symboliquement une fille. On rencontre en berbère l'équivalent de l'arabe 'ars ddib, tameghra wwuchen (le mariage du chacal), expression désignant un mélange de pluie et de soleil (sur la légende, voir article précédent). Les Touareg du Sahara appellent l'arc-en-ciel tezzel ader (elle tend le pied) : il s'agit du «serpent de couleur» qui tend la jambe au-dessus d'une fourmilière, symbole du monde d'ici-bas. On dit que l'arc-en-ciel apparaît lorsque l'orage ? éclairs et tonnerre ? n'est pas suivi par la pluie : l'énergie dégagée est alors transformée en arc pour ne pas bouleverser l?équilibre entre le ciel et la terre.