Si, à cause de la proximité de la mer, les hivers sont doux sur les côtes algériennes, ils sont, dans les montagnes et les régions intérieures, très vigoureux. Et jusqu?au Sahara qui, du moins la nuit, souffre de froids intenses. En arabe algérien, l?hiver, c?est chta?, mot provenant du classique chita?. Signalons que, dans beaucoup de parlers algériens, le mot désigne aussi la pluie : hay tt?ih chta (la pluie tombe). Dans d?autres parlers, c?est le terme de l?arabe classique mat?ar, réalisé mt?ar, qui domine pour la pluie. Le mot a alors un verbe, formé sur la même racine, mt?ar : rahi ttmet?ar ssma (littéralement : le ciel pleut). Certains dialectes berbères, comme le kabyle, emploient, pour l?hiver, le même mot que l?arabe : chta?, réalisé chetwa, sans doute d?un diminutif, relevé en arabe aussi, chtiwa (petit hiver) et, par extension, petite pluie. Mais il existe un terme spécifiquement berbère, tagrest, réalisé parfois tajrest : il provient d?un verbe, gres / jres (geler), que l?on rencontrera à propos du gel. En berbère, la pluie est nommée de diverses façons : lehwa, ageffur, anz?ar? Nous avons vu que ce dernier mot est associé aux mythes de l'arc-en-ciel, Anzar étant sans doute un dieu ou un génie de la pluie? Revenons à l?hiver : si on attend avec impatience ses pluies qui alimentent les puits, les sources et les barrages, permettant de stocker de l?eau pour l?été, on redoute ses intempéries. Dans un dicton, le chacal fait ce rêve : «Si seulement l?été et la saison des figues duraient deux ans et l?hiver deux jours !» Mais comme dit un autre adage : «L?été est une belle saison, mais elle ne nourrit pas son homme !» Elle est, en effet, synonyme de sécheresse?