Le noir est aussi la couleur de la tristesse et du deuil : le foulard noir, le châle noir sont portés par les femmes en deuil, ainsi que les vêtements noirs en général. L?une des imprécations les plus courantes, en arabe dialectal, est «Issewad sa?âdek» (que ta destinée noircisse), c?est-à-dire «que la malchance te poursuive». En berbère, le verbe ssibrek (rendre noir) a aussi le sens de «rendre insupportable» ; ainsi yessberk-as ddunit-is (il lui a rendu la vie noire, c?est-à-dire pénible, amère). Comme dans d?autres sociétés, le noir occupe une place de choix dans les croyances superstitieuses et les pratiques magiques. On redoute particulièrement le chat noir, porteur de malheur et de troubles et le corbeau, annonciateur de mauvaises nouvelles. Ces mêmes animaux, à cause des forces maléfiques qu?ils véhiculent, sont utilisés par les sorciers dans la confection des charmes. Mais par une sorte de magie préventive ou homéopathique, la force du noir est détournée pour combattre les maléfices : les exorciseurs sacrifient des animaux noirs (poulets, pigeons, boucs) pour chasser les mauvais esprits et briser les sortilèges. C?est par superstition aussi que l?on évite de porter des vêtements noirs, que l?on n?achète pas d?animaux noirs, et encore de nos jours, beaucoup de gens redoutent les objets de couleur noire, jugés porte-malheur. La couleur noire a fourni des prénoms. En arabe c?est Leswad et Lekh?al ; en berbère c?est Akli. Ce dernier mot signifie aussi «esclave» et spécialement «esclave de couleur» ; l?objectif de ces prénoms est de détourner le mauvais sort, d?éloigner le malheur en faisant croire que l?enfant est un esclave, donc quelqu?un qui ne mérite pas d?être pris en considération.