On a longtemps discuté pour savoir si le noir est une couleur ou non. En fait, la réponse dépend du point de vue dans lequel on se place. Ainsi, du point de vue de la synthèse additive, c'est-à-dire de la superposition de faisceaux lumineux monochromatiques, le noir n?est pas une couleur, puisqu?il est justement absence de couleur. En revanche, du point de vue de la synthèse soustractive, on obtient la couleur noire en mélangeant les pigments absorbants chacun une longueur d?onde ; c?est, par conséquent, une couleur obtenue par un mélange. Ainsi, le noir est à la fois absence des couleurs et somme de toutes les couleurs. C?est peut-être cette caractéristique qui fait que, sur le plan symbolique, le noir (comme le blanc d?ailleurs) est une couleur ambiguë : tantôt, il est positif et bénéfique, tantôt il est négatif, donc maléfique. En Algérie et au Maghreb, les connotations de la couleur noire sont nombreuses. L?arabe kh?el, comme le berbère aberkan, sont employés pour symboliser la méchanceté, la laideur, la cupidité, l?immoralité, le péché, le mal en général. Ainsi, on dit, qelb k?hal ou swad (c?ur noir), et en berbère, ul aberkan, de même sens, pour stigmatiser la cruauté et la perfidie. Le teint noir symbolise la laideur, mais aussi l?impudence. «Une face noire ne rougit pas», dit l?adage, c?est-à-dire n?éprouve pas de honte. Cependant, on apprécie les sourcils, les yeux et les cheveux noirs quand ils contrastent avec la blancheur du teint. Le noir est aussi la couleur de la tristesse et du deuil : le foulard noir, le châle noir sont portés par les femmes en deuil, ainsi que les vêtements noirs en général.