Toujours dans le fa'l onomastique, certains prénoms sont déplaisants, mais on les attribue quand même pour éloigner le mauvais œil. C'est par exemple le cas des prénoms qui signifient «noir» : Lassoued, Lekhel pour les prénoms d'origine arabe, Akli pour les prénoms berbères. Dans la symbolique maghrébine, la noirceur du teint symbolise souvent la laideur mais aussi l'impudence : «Une face noire est une face qui ne rougit pas», dit le proverbe, c'est-à-dire qui n'éprouve pas de honte. Le noir est aussi la couleur de la tristesse et du deuil : le foulard noir, le châle noir sont portés par les femmes en deuil, ainsi que les vêtements noirs en général. Comme ailleurs, le noir occupe une place de choix dans les croyances superstitieuses et les pratiques magiques algériennes. On redoute particulièrement le chat noir, porteur de malheur et de troubles, et le corbeau, annonciateur de mauvaises nouvelles. Ces mêmes animaux, à cause des forces maléfiques qu'ils véhiculent, sont utilisés par les sorciers dans la confection des charmes. Mais par une sorte de magie préventive, la force du noir est détournée pour combattre les maléfices : les exorcistes sacrifient des animaux noirs pour chasser les mauvais esprits et briser les sortilèges, et des mots signifiant «noir» sont employés couramment comme prénoms.