Vécu La famille Momo habitait juste à côté de la famille Sahli. Leurs jardins étaient mitoyens et seul un mur de pierre les séparait. Une année, les Momo plantèrent une courge le long du mur. Les Sahli, de leur côté, plantèrent, eux aussi, une courge le long du mur. Les plantes poussèrent, se développèrent et grimpèrent dans les interstices des pierres pour arriver au sommet où elles se rencontrèrent et ne formèrent plus qu?une seule et même plante. La floraison fut magnifique et d?une fleur naquit un fruit exceptionnellement gros. Arrivé à maturité, d?un joli jaune d?or, la famille Momo décida de le cueillir. La famille Sahli eut la même idée. Une querelle s?ensuivit entre ces deux familles qui avaient vécu en bonne intelligence depuis des années. Pour venir à bout de cette querelle, les deux familles décidèrent de la couper en deux parties égales. Lorsque la courge fut coupée, quelle ne fut pas la surprise des Momo et des Sahli de voir, en son c?ur, une adorable petite fille. Les deux familles décidèrent de l?élever ensemble et elle reçut le nom de Momo Sahli. Cette histoire se déroulait pendant le règne d?un empereur resté célèbre pour son injustice et sa cruauté. Il vivait dans la crainte des envahisseurs qui ne lui laissaient pas de répit et entraient toujours par le nord du pays. Las de ces invasions incessantes, l?empereur décida de construire un mur tout le long de la frontière Nord. Hélas ! les architectes n?étaient guère brillants et à peine avait-on terminé une partie du mur qu?une autre s?écroulait. Les années passaient et jamais le mur n?était terminé. Un jour, un sage du royaume vint trouver l?empereur et, après s?être incliné respectueusement devant, lui dit : «Sire, on ne peut construire un mur devant s?étendre sur dix mille lieues de longueur sauf si dans chaque bloc d?une lieue on enferme un homme. L?esprit de l?homme veillera alors sur ce bloc et le mur deviendra indestructible.» L?empereur, qui ne se souciait guère de son peuple, trouvant l?idée de son sujet excellente et pleine de sagesse, la met en pratique. Dans chaque région, chaque ville, chaque maison, ce fut l?horreur. Des hommes, des jeunes filles, des garçonnets furent emmurés vivants. Un autre sage du royaume vint trouver l?empereur et, après s?être incliné respectueusement devant lui, dit : «Sire, votre façon d?utiliser le peuple pour édifier votre mur terrifie le pays entier. Il se pourrait que le peuple se révolte avant même que le mur ne soit terminé. Il se fait qu?un homme, nommé Allaf, demeure pas très loin du palais. Allaf signifie dix mille. Prenez cet homme car, à lui seul, il suffira pour les dix mille lieues car Allaf ? dix mille ? est son nom.» (à suivre...)