InfoSoir : Vous êtes d?avis que les Algériens ont été traumatisés par les multiples événements tragiques qu?ils ont vécus ces dernières années? M. Chakali : Il y a deux choses qu?il ne faut pas dire : la première, tous les Algériens ont été traumatisés et la seconde, il n?y a rien. A mon sens, 10 à 15% de la population souffrent de traumatismes psychologiques et nécessitent une prise en charge. Oui, mais il y a un problème majeur qui se pose : celui du manque de structures d?accueil? Les structures ne sont pas au niveau de la demande, c?est vrai. Néanmoins, bien des efforts ont été fournis, ces dernières années, pour assurer une prise en charge aux victimes à travers la formation des personnels. De plus, les personnes traumatisées se manifestent très rarement pour demander l?aide des psychologues et des psychiatres? C?est un problème qui n?est pas propre à l?Algérie, il se pose dans tous les pays du monde. Des psychologues estiment que le pourcentage des états de stress post-traumatique en Algérie est très élevé comparé à celui des autres sociétés ayant vécu les mêmes événements traumatiques. Quel est votre avis ? La comparaison est très difficile à faire. Toutefois, je dois vous dire qu?on ne s?attendait pas à ce qu?on s?en sorte de la sorte au vu de la nature des événements traumatiques auxquels nous avons été confrontés. On s?en est vraiment bien sorti ? Oui, je crois que notre ossature sociale a bien résisté. Ce n?est pas l?avis de plusieurs de vos collègues qui pensent que la situation est très alarmante? Certes, il y a des signaux d?alarme qu?il faut écouter, mais de là à dire que la situation est très alarmante, c?est un pas que je ne franchirai pas. Elle ne l?est même pas dans les régions qui ont été le théâtre de violence terroriste ou de tremblements de terre? Les populations de ces régions sont plus affectées que les autres, mais je persiste à dire que la situation n?est pas alarmante. Je dois préciser qu?on peut être traumatisé sans avoir vécu directement l?événement tragique. Ainsi, il n?est pas à écarter que la population du sud du pays soit affectée par les tremblements de terre, le terrorisme, les inondations? qu?ils ont vécus à travers les images de la télévision. (*) Psychiatre au CHU Frantz-Fanon de Blida