Les événements traumatiques, tels les séismes et les accidents de la circulation, constituent une véritable menace pour la santé mentale des Algériens. D?où la nécessité de renforcer la prise en charge psychologique des personnes traumatisées. Du terrorisme aux séismes en passant par les inondations et les accidents de la circulation, l?Algérie a été le théâtre, ces dernières années, d?événements tragiques qui ont occasionné d?importantes pertes humaines et dégâts matériels, mais aussi et surtout des traumatismes psychologiques à la population. Des traumatismes qu?on peut difficilement évaluer à présent, selon les spécialistes. Cela car leurs cicatrices sont «invisibles, donc difficiles à prouver ou à quantifier, mais elles sont bien présentes pour l?individu qui en souffre et a généralement honte d?en parler». A la longue, ce mal-être se transforme en véritable pathologie : «Un traumatisme non traité peut favoriser le déclenchement de lésions pathologiques comme l?état de stress post-traumatique.» Il s?avère que rares sont les personnes qui vivent des événements aussi traumatisants que les séismes, les explosions ou les accidents de la circulation sans être plus ou moins touchées émotionnellement. Les rares enquêtes, menées ces dernières années sur la santé des Algériens, ont révélé bien des cas de stress, d?anxiété, d?angoisse? Ces troubles du comportement ne seraient pas étrangers aux situations extrêmes vécues par la population. Néanmoins, les cas dépistés ne représentent qu?une «infime partie de la réalité», affirment des psychologues. «Ce qu?il faut savoir, selon eux, c?est que les victimes évitent d?aller se faire consulter. Elles ne le font que lorsqu?elles ressentent des douleurs physiques». En d?autres termes, les personnes traumatisées souffrent en silence, «d?où la difficulté de les recenser». Cela étant, l?impact de certains événements tragiques sur la santé mentale de la population est plus palpable dans certaines régions. A Sidi Moussa par exemple, où la violence terroriste a sévi pendant des années, les troubles psychiques touchent plus de 60% de la population, selon une enquête menée par la Société algérienne de recherche en psychologie en 1999, «alors que les différentes études montrent qu?il y a 30% de la population dans le monde souffrant de troubles psychiques dans leur vie». Dans la région de Boumerdès, ébranlée par un terrible tremblement de terre le 21 mai 2003, l?on parle de nombreuses personnes dont le «comportement a complètement changé» pour reprendre l?expression de leurs proches. Toutefois, et en l?absence d?une véritable enquête, les psychologues évitent de se prononcer sur l?ampleur du traumatisme causé par la catastrophe naturelle.