Riverains et usines semblent s?être donné le mot pour enlaidir et polluer, jusqu?à dégager des odeurs nauséabondes, un oued dont les berges étaient pourtant, jadis, verdoyantes et constituaient un lieu de villégiature où l?on pêchait toutes sortes de poissons. Oued El-Harrach coule depuis des siècles. Au tout début, ses eaux étaient claires comme de l?eau de roche. Mais à mesure que le temps passait, que les usines foisonnaient et que les humains s?acharnaient contre lui, le majestueux cours aux eaux limpides, changeait, jour après jour, de couleur et d?odeur. Son lit n?est aujourd?hui qu?amas d?ordures polluantes. Son eau noircie par la faute de pollueurs. Ceux-là même qui ne trouvaient pas meilleur lit pour leurs méfaits que l?impunité. ça sent mauvais ! Et pourtant El-Harrach n?a pas de raison d?être sans son oued éponyme. En cru ou endormi, calme ou déchaîné, il est le c?ur palpitant d?une ville qui ne doit jamais oublier qu?au-dessous de ses eaux agitées et agressées, dort une longue histoire tissée par la profonde complicité entre la nature et l?homme, une complicité trop souvent incompatible. Car si l?oued a tout le temps accepté dans son lit des ossements de personnes, de la ferraille usée, un trésor oublié ou des excréments de tout acabit, il ne peut contenir éternellement les rejets des autres et accepter cette «infamante manie» des gens à se boucher le nez lorsqu?ils s?en approchent comme l?ont fait, un jour, les joueurs de l?USMH un certain 19 juin 1974 lorsqu?ils y sont descendus pour remplir de son eau «bénite» la Coupe d?Algérie qu?ils venaient de gagner. La puanteur qu?il dégage n?a jamais été la sienne. C?est celle des autres?