Nostalgie Il fut un temps lointain, dont seuls quelques patriarches se souviennent encore, où l?oued, aujourd?hui vomi, faisait le bonheur des citadins. Il n?existe aucun document, aucune archive mais les vieux encore en vie d?El-Harrach, de Sainte-Courine, des Trois-Caves et des autres vieux quartiers banlieusards vous le diront : les berges de l?oued étaient naguère un lieu de villégiature. Avant que la pollution, sans cesse grandissante, ne vienne en faire un long cours aux odeurs irrespirables, vieux et jeunes s?adonnaient à des séances de pêche à la mouche. On y trouvait surtout de la truite. D?autres passaient des après-midi et des week-ends (samedi-dimanche) à pique-niquer en faisant parfois quelques plongeons dans les eaux profondes (6 à 9 m). Les escaliers, qui permettent d?accéder aux rives du côté de l?embouchure, au niveau de Mohammadia (ex-Lavigerie), prouvent, en effet, que l?oued était fréquenté auparavant. Témoins vivants, des vieux rencontrés sur la placette d?El-Harrach disent, à qui veut les entendre, que la fin de la belle époque intervenait juste au milieu des années 1950 avec la prolifération des bidonvilles et que le danger devenait réel lorsqu?El-Harrach a vu naître avec le boom de «l?industrie industrialisante» une zone industrielle multiforme et dont l?accroissement n?a jamais cessé. Mais au fait, d?où provient oued El-Harrach ? Rares sont les Harrachis qui en connaissent la réponse. Plus étonnant encore, certains pensent que l?oued est une propriété exclusive de la ville d?El-Harrach et de ses zones environnantes. Mais comme tout oued, ou grande rivière, oued El-Harrach a comme source principale une montagne rocheuse. Il provient en vérité d?un des monts de Chréa, sur les hauteurs de Blida et dans une trajectoire serpentant sur plus de 60 km, il termine sa course en pleine mer, au niveau de l?embouchure de Mohammadia. De sa source principale jusqu?au niveau de la localité de Birtouta, ses eaux sont plus ou moins limpides et ce n?est qu?à partir de cette zone que le taux de pollution commence à se manifester pour devenir un fleuve complètement noirci par les déchets solides qui s?y déversent depuis des siècles avec une amplification accrue du phénomène de la bidonvilisation et de l?extension de la zone industrielle d?El-Harrach. Les odeurs nauséabondes qui s?en dégagent tout au long de l?embouchure sont causées essentiellement par les «déchets» des ateliers et usines attenants.