Les archives de l'Algérie sont éparpillées dans différents pays et il semble très difficile de les répertorier. C'est en résumé ce qu'a déclaré hier le directeur du Centre national des archives, M. Abdelmadjid Cheïkhi. Le premier invité du forum de Radio culture, qui a repris son émission après une halte de quelques mois, a longuement expliqué les efforts que déploie l'Algérie pour récupérer ses archives. «Nous avons réussi à récupérer des archives administratives, des documents historiques, des dossiers de justice, de trésorerie ou encore des plans des plus importantes constructions. Nous avons également des photographies prises au début du 20ème siècle. Mais cela reste insuffisant puisque nous n'avons, à titre d'exemple, aucune archive avant le 15ème siècle», a reconnu M. Cheïkhi, affirmant que ce qui peut être récupéré chez les particuliers est beaucoup plus important que ce qui pourrait l'être auprès des différents Etats. Dans ce sens, il a insisté sur la sensibilisation des citoyens afin que ce capital national soit récupéré par son organisme : «Il faut que les particuliers comprennent qu'un vieux document n'est pas mort mais qu'il représente la mémoire vivante de l'Algérie.» En réponse à une question faisant état de l'existence de plus de 200 000 boîtes d'archives algériennes en France, l'équivalent de plus de 6 000 tonnes, M. Cheïkhi a formellement démenti cette information en précisant qu'aucune quantification ne peut être faite : «Je n'ai aucune preuve ni des éléments me permettant de dire qu'il existe 6 000 tonnes ou 20 000. Il n'y a pas de répertoire pour le moment.» Selon lui, l'Algérie ne possède pas de répertoire relatif aux archives déplacées durant la période coloniale ou encore à l'indépendance. «La France n'accepte pas encore de collaborer à ce sujet, invoquant une disposition de loi imposée après la colonisation : ‘‘l'Algérie est une terre française et donc l'administration ou encore les employés étaient français''. Pour ce pays, tout ce qui a été récupéré entre dans le cadre de la propriété et non de l'appropriation.» Mais l'Algérie ne «lâche pas prise», les responsables continuent actuellement, affirme le directeur des archives, les pourparlers avec l'ancien colon afin de récupérer les archives. A la question de savoir pour quelle raison l'Algérie n'a pas tenté de répertorier elle-même ses archives spoliées en se basant sur des référents historiques, M. Cheïkhi affirme : «Nous ne pouvons pas répertorier quelque chose dont nous ignorons l'existence.» H. Y.
L'Algérie appelle à se solidariser pour récupérer les archives spoliées Tentant de trouver un moyen pour récupérer ses archives dispersées un peu partout dans le monde, le Centre national des archives, qui est membre du Centre international des archives, membre de son bureau exécutif ainsi que de sa commission exécutif, a proposé en 2004 aux autres membres qu'une convention soit signée afin que les archives détournées de chaque pays puissent lui être rendues. Une manière de se solidariser entre pays colonisés pour récupérer les biens spoliés. Cette idée, fortement rejetée à l'époque, selon le directeur du centre, M. Cheïkhi, semble, aujourd'hui, après moult insistances, faire son petit chemin puisque, l'été dernier, un groupe de travail a été créé par le Centre international des archives afin qu'une mouture de cette proposition soit remise aux pays membres de l'organisation. La mouture étant faite, il reste aujourd'hui à attendre le vote des membres.