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Histoires vraies
A la mémoire d'un homme à la dérive (5e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 17 - 02 - 2005

Résumé de la 4e partie Eric, réfugié dans le Midi, touche de l?argent par mandat sous un autre nom.
La carcasse de l'Austin rouge est, selon l'expression consacrée, passée au peigne fin. Première constatation : le feu n'est pas parti tout seul, on l'a provoqué. C'est intéressant, mais cela ne suffit pas à prouver l'escroquerie et, surtout, l'identité du mort. L'ingénieur recueille une quantité minuscule de débris d'os calcinés, 330 grammes. Le tri de ces 330 g est une affaire d'anthropologue qualifié. Un travail de fourmi de laboratoire permet de reconstituer une petite partie de la mâchoire de la victime. Or, sur cette mâchoire, manquent deux molaires et une dent de sagesse. Indices intéressants, puisque le dentiste d'Eric communique aimablement à la justice des radiographies de son patient, qui ne coïncident pas avec la reconstitution. Commencent alors les filatures et la mise sur écoute des conversations de la bénéficiaire du milliard de centimes des assurances. Le mort n'étant pas le mort déclaré, il faut découvrir son identité. Pourquoi l'a-t-on mis dans cette voiture ? En fait, tout le monde le sait, mais il reste à le prouver.
Belle enquête, joli coup de filet. Les deux femmes sont d'abord mises en garde à vue, dès que la police a localisé, grâce à elles, Eric, qui bronze, au soleil de Cannes, les ultimes cicatrices de son visage enfantin et trop lisse. C'est ainsi qu'Eric se retrouve au banc des accusés, en 1992, son portrait d'homme aux deux visages dans tous les journaux. Cette fois, le procureur ne commet pas d'erreur de langage, il est lapidaire, précis, et déroule les faits sans passion. L'accusé en est tout pantois, lui qui s'attendait probablement à jouer les stars du crime. La fin de l'histoire et du procès rend hommage à la mémoire de la victime. Alors que la presse s'empare du crime et parle d'escroquerie du siècle de l'homme au visage de cire, de scénario à la Hitchcock, alors que la nouvelle tête de l'assassin s'étale aux yeux stupéfaits du public, on parle toujours du «clochard», du malheureux inconnu, de la victime ravagée par l'alcool errant du côté de la gare du Nord ou de l'Est, dans les bistrots à vin.
Il s'appelait Jean-Noël. C'était un homme dans la quarantaine, à la dérive certes, mais pour une histoire d'amour déçu. Un homme qui fut le plus jeune bachelier de France, un étudiant en droit et en médecine qui a interrompu ses études, un poète qui lisait Zola et adorait Brassens, un homme qui avait la liberté de son désespoir. Un homme seul, qui venait, parfois, retrouver l'ancien foyer, la dernière compagne, renifler la douceur perdue, bercer des enfants qui ne lui appartenaient pas et repartait, hors de la société, en marge du système, conteur d'histoires, montreur de serpents dans les écoles, vendangeur de passage et alcoolique. Un homme tendre, meurtri par la mort de son père, par la mort d'un amour, un homme drôle parfois, mais qui repartait toujours, ne s'attachait plus à rien, n'en avait plus la force. Un homme sur la route.
C'est lui, Jean-Noël, que son assassin ne nomme jamais au procès, il l'appelle l?«homme». Dont il n'a pas révélé l'identité, qu'il a tenté de désigner aux enquêteurs d'abord sous un faux prénom, avec un faux croquis de visage, comme s'il voulait le rayer aussi de son crime, ne pas l'identifier, ne pas le regarder en face. L'écarter de sa propre histoire. Un homme que l'on a identifié laborieusement, grâce à un portrait-robot et un lambeau d'aveu de l'assassin : il s'appelait Jean-Noël... Alors que les deux femmes amoureuses de cet assassin se tiennent les coudes en prison et affirment qu'elles ne sont ni coupables ni adversaires, que les complices se battent sur des détails, que le président fait des déclarations qui renvoient le procès, que la presse publie les deux visages d'Eric, que les psychiatres le qualifient de grand enfant qui cherche toujours à faire reconnaître sa vraie valeur... Alors que l'on s'étonne de la facilité avec laquelle un homme normal obtient d'un chirurgien esthétique normal un visage anormal, que l'on qualifie les débats de compliqués, décevants, l'accusé de fausse star au visage de silicone, les complices de personnalités substituées... Alors, reste le fantôme de Jean-Noël, dont on a dispersé les cendres au col de l'Homme mort pour toucher un milliard de centimes.
Eric est condamné à vingt ans de réclusion criminelle, l'infirmier à quatorze ans, le barman à neuf ans, les deux femmes à quatre ans avec sursis. Il y avait aussi, dans l'histoire, un comparse tardif et furtif, prêt à s'associer avec l'assassin, sachant ou ne sachant pas d'où lui venait l'argent... Il est condamné à huit mois de prison avec sursis pour recel et escroquerie.
De quoi est mort Jean-Noël H. ? D'alcool, de Penthotal, de Valium, du mélange, ou brûlé vivant ? Ses assassins ne l'ont pas dit. Ils s'en sont bien gardés. C'était peut-être la perpétuité. On gagne toujours à taire ce que l'on n'est pas obligé de dire.


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