Compétition Paradise now est un film où les regards en disent parfois plus long que les dialogues. Mettre en relief les conséquences tragiques du conflit israélo-palestinien à travers l'histoire de deux kamikazes : telle est l'ambition de Paradise now, bien accueilli à la Berlinale lors de sa présentation en compétition pour l'Ours d'or. Le réalisateur, Hany Abou-Assad, s'est déclaré «très content de pouvoir montrer ce film à tout le monde et surtout aux Israéliens», une société qui «ignore» le sort des Palestiniens, a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse à l'issue de la projection du film à Berlin. Pour l'instant, a toutefois ajouté ce natif de Nazareth, «je n'ai aucune idée de l'avenir qui sera réservé à ce film tourné dans les territoires palestiniens, mais il contribuera à la discussion» sur ce conflit au Proche-Orient. En Palestine, ce conflit «fait partie de notre vie, vu l'occupation que nous connaissons», a commenté, pour sa part, Kaïs Nashef, qui incarne Saïd, l'un des deux kamikazes palestiniens. «C'était une bonne chose de tourner ce film à Naplouse», ville du nord de la Cisjordanie et haut-lieu de l'Intifada, a observé de son côté Ali Suliman, qui incarne Khaled, l'autre kamikaze. Au centre de l'intrigue, deux jeunes Palestiniens sont désignés pour commettre des attentats-suicide en se faisant sauter avec leurs bombes à Tel-Aviv. Dans un local délabré, les deux complices récitent leurs dernières paroles, filmées par la caméra d'un membre du groupe, «comme dans la réalité», observe Hany Abou-Assad. Effrayés par le passage d'un véhicule, les deux complices et amis d'enfance se perdent de vue. L'opération échoue. Khaled retourne auprès des organisateurs de l'opération où il renonce finalement à sa mission, tandis que Saïd file de son côté. A une station de bus où attendent quelques passants juifs parmi lesquels des enfants, Saïd est à deux doigts de tirer sur la ficelle qui fera exploser la bombe, avant de renoncer. Il hésite une seconde fois dans un bus occupé pour l?essentiel par des militaires, avant d?abandonner aussi. L'acteur Ashraf Barhoum, qui coordonne l'opération des attentats-suicide dans le film, a estimé que dans ce long-métrage où les mots «humiliation» et «faiblesse» reviennent souvent, «il ne s'agissait pas seulement de Palestiniens, mais d'hommes qui vivent sous l'occupation». «Nous voulons utiliser notre art pour faire passer un message», a-t-il ajouté.